MEDITATION ET PRATIQUE FORMELLE
Demeurant dans son style générale
d’enseignement, les instructions sur la méditation d’Achaan Chah sont
simple et naturelles. Habituellement, il demande simplement aux
participants de s’asseoir, et d’être attentifs à leur rythme de
respiration, ou de marcher et surveiller les mouvements du corps
pendant la marche. A près un moment, il leur demande de commencer à
examiner leur coeur et leur esprit dans les deux postures, à voir
leurs nature et caractéristiques. Parfois c’est tout ce qui donne une
instruction initiale.
Achaan Chah est attentif à ne pas
laisser quelque méthode de pratique se confondre avec le Dhamma. Le
Dhamma est ce qu’il est, et la pratique est n’importe quelle façon par
laquelle on comprend les Vraies nature et caractéristiques de ce qu’il
est, de notre monde, notre corps et notre esprit. Cependant, Achaan
Chan ne privilégie pas une technique particulièrement. Il veut des
étudiants qui apprennent la force intérieure et l’indépendance en
pratique dés le départ, posant des questions en cas de nécessité, mais
comptant sur leur propre capacité é être attentifs et à comprendre la
nature de l’esprit, et sur leur sagesse afin d’éclairer leur
expérience.
Après un séjour à Wat Pa Pong ,
pratiquant seul, apprenant de quelques moines supérieures qui
répondaient à ses nombreuses questions, et en écoutant différents
discours sur le Dhamma, il apprend certaines subtilités de la pratique
formelle. Une variété de méditations de la forêt comme le simple
mantra ” Bouddho” ou les méditations du cimetière, ou les
contemplations des trente-deux parties du corps, sont également
enseignés quand ils sont jugés appropriés pour certains étudiants.
Autrement, la méditation est développée d’une manière simple et
direct. Dans la pratique assise, Achaan Chah dit qu’il est préférable
de s’asseoir dans une posture confortable, le dos droit, les jambes
croisées, ou dans une autre posture qui maintient droits le dos et la
tête, et la poitrine détendue pour une respiration sans entraves. On
devrait s’asseoir avec sérénité permettant au corps d’être stable,
calme et prêt à commencer la méditation sur la respiration.
Il est recommandé dés que l’on commence
la méditation assise d’être décontracté et de concentrer son esprit.
Centrer l’attention sur la respiration de façon naturelle et spontanée
laissant son mouvement se dérouler sans interférence. Utilisez la
sensation, l’expérience directe de la respiration quand l’air entre et
sort des narines, comme point de concentration. Suivez silencieusement
la sensation de la respiration le plus longtemps que vous pouvez. Puis,
chaque fois que vous remarquez que votre esprit commence à divaguer (cela
peut se répéter de très nombreuses fois jusqu’à ce qu’il devienne bien
préparé) reprenez doucement votre concentration sur la respiration.
Cette méditation constitue un moyen
d’utiliser notre expérience la plus immédiate, la réalité toujours
changeante de la respiration, afin de concentrer l’esprit. Il est
recommandé de poursuivre assidûment cet exercice simple, c’est un
moyen de renforcer la puissance du mental afin de se concentrer et
voir . Enfin, cette très simple concentration sur la respiration
mènera aux plus hauts niveaux de l’absorption méditative et du samadhi.
Cependant, l’absorption n’est pas
l’objectif de pratiquer, selon l ‘enseignement de Achaan Chah, même si
elle a lieu chez certains de manière naturelle au cours de la
méditation. Les étudiants reçoivent l’instruction d’utiliser la
concentration et la calme qu’ils développent par l’attention sur la
respiration comme soutien au deuxième aspect de leur pratique. Quand
l’esprit est en quelque sorte calme et concentré, il et recommandé de
commencer à examiner les actions de l’esprit et du corps. Examiner ou
contempler ne signifie pas penser à quelque choses, mais sentir et
expérimenter directement, comment notre monde fonctionne. ”
Expérimentez les agrégats du corps et de l’esprit “, avertit souvent
Achaan Chah. Noter d’abord le corps qui est directement expérimenté en
tant que jeu de sens constamment changeant, d’éléments chauds, froids,
de couleurs claires ou foncées, souples, durs, lourds etc.. Examinez
les agrégats du sentiment plaisant, neutre ou déplaisant - changeant à
tout moment. Noter le jeu de perception, de mémoire et de pensée, de
réactions et de volition, de conscience ainsi que la qualité de ce
qu’expérimente chacune d’elles et apporte comme nouvelles choses à
tout moment. Voir comme la vie mène son jeu avec dynamisme entre ces
agrégats qui surgissent, changent et s’effacent. Les objets des sens,
le sentiment, la reconnaissance, la réaction et la volition, le même
processus se répète. Noter comment les causes de la souffrance, et la
sérénité quand l’esprit n’est pas capturé par le désir. Y a-t-il une
partie de l’expérience qui ne partagerait pas les caractéristiques
d’un changement constant, d’instabilité et d’état éphémère, un état
qui ressent une satisfaction qui ne serait pas vide d’ ego et de moi
et où se trouverait le soi dans tout cela ? Examinez, et vous verrez
comment, absolument, toutes choses sont changement. Il n’y a pas de
mien, ni un soi fixe, mais seul le processus sus-cité.
Apprendre à voir en profondeur dans
l’expérience et dans ses caractéristiques, ne se limite pas à la
méditation en posture assise. Marchez et observez. Faites la
méditation en marchant, en allant et revenant à pas ordinaires des
heures durant, si possible. Apprenez à faire attention, et vous
comprendrez tout. Cela est l’essence de la pratique.
Dans de nombreux monastères, les
entrevues avec le maître constituent une part intégrale de la pratique,
mais Achaan Chah déconseille cela. Bien qu’il soit toujours disponible
à répondre aux questions, il n’accorde pas des entretiens formels. Il
dit qu’il est préférable d’apprendre à répondre soi-même à ses propres
questions. Apprenez comment le doute surgit dans l’esprit, et , et
comment il disparaît . Personne et rien ne peut vous libérer si ce
n’est votre propre discernement. Calmez votre esprit et votre coeur.
Et apprenez à être attentif, vous trouverez véritablement le Dhamma du
Bouddha se révéler en vous à tout moment.
L’ATTENTION
De même que la vie d’un animal se classe
dans l’une des deux catégories : celle des animaux vivant dans l’eau, et
celle qui comprend les autres, les sujets de la méditation se divisent
en deux : la concentration et l’introspection. Les méditations de la
concentration sont utilisées pour le mental et rendent attentif.
L’introspection est, d’une part, la perception croissante de
l’impermanence, la souffrance et l’absence de soi. Peu importe ce que
nous sentirons vis-à-vis de notre existence, notre tâche ne consiste pas
à tenter de la changer d’une façon quelconque. Non. Nous devrions la
voir, et la laisser être. Là où il y a souffrance il y a le moyen de
s’en libérer. Voyant ce qui naît et meurt, qui est sujet à la souffrance,
le Bouddha a compris qu’il peut y avoir quelques choses au-delà de la
naissance et de la mort, exemptes de souffrance.
Les méthodes de la méditation ont toutes
les propriétés d’aider à développer l’attention. Il convient d’utiliser
l’attention afin de voir la vérité cachée. Grâce à cette vigilance nous
surveillerons tout désir, ce qui est bon et ce qui est mauvais, le
plaisir et la peine qui apparaissent dans l’esprit. Réalisant qu’ils
sont impermanents, souffrance et dépourvus de soi, nous nous en
passerons. En effet, la sagesse se substitue à l’ignorance, et la
connaissance au doute.
Quant à choisir un objet de méditation,
vous devriez vous-mêmes découvrir ce qui convient à votre caractère.
Partout où vous décidez d’être attentifs, vous acquerrez la sagesse.
L’on comprend ici ce que veulent dire : attention, noter, être vigilant.
La compréhension claire connaît le contexte dans lequel les évènements
du présent se déroulent. Quand l’attention et la compréhension claires
agissent ensemble, leur compagnon la sagesse apparaît toujours afin de
les soutenir à compléter toutes tâches.
Observez le mental, observez le processus
de l’expérience apparaissant et cessant . Au départ, le mouvement est
constant- dès qu’une choses disparaît, une autre surgit, et nous
semblons voir davantage de choses qui apparaissent que celles qui
disparaissent. Avec le temps, nous voyons plus clairement comment les
choses apparaissent é toute vitesse, jusqu’à ce que nous atteignions le
stade où elles apparaissent, disparaissent pour ne plus réapparaître.
Grâce à l’attention, vous verrez la nature
véritable des choses. Pensez -vous que le monde est vôtre, que le corps
est vôtre ? Mais ce n’est que le monde du monde, que le corps du corps.
Si vous dites au corps : ” ne vieillissez pas “, s’arrêtera-t-il pour
autant de vieillir ? Et, votre estomac vous demandera-t-il la permission
quand il tombe malade ? Nous ne faisons que louer cette maison, pourquoi
ne pas trouver qui la possède en réalité ?
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