Digha Nikāya
16. Les derniers jours du Bouddha
Première partie
Au Magadha
Ainsi l'ai-je entendu. Un jour le Béni du Ciel demeurait à Rajagaha, sur la colline appelée Pic du Vautour. A cette époque, le roi de Magadha, Ajatasattu, fils de la reine Videhi, voulut faire la guerre aux Vajjis. Il parla de la sorte: "Ces Vajjis, puissants et glorieux comme ils le sont, je vais les annihiler, je vais les faire périr, je vais complètement les détruire.»
Et Ajatasattu, le roi de Magadha, s'adressa à son premier ministre, le brahmane Vassakara, en disant: "Allons, brahmane, va trouver le Béni du Ciel, rends-lui hommage en mon nom à ses pieds, souhaite lui bonne santé, force, aisance, vigueur, et réconfort, et dis-lui ceci: ‹O Seigneur, Ajatasattu, le roi de Magadha, désire faire la guerre aux Vajjis. Il a dit de la sorte: «Ces Vajjis, puissants et glorieux comme ils le sont, je vais les annihiler, je vais les faire périr, je vais complètement les détruire."› Et quoi que te réponde le Béni du Ciel, garde-le bien à l'esprit et informe m'en; car les Tathagatas ne parlent pas faussement.»
«Très bien, sire,» dit le brahmane Vassakara en assentiment à Ajatasattu, roi de Magadha. Et il ordonna qu'un grand nombre de voitures magnifiques fut préparé, en monta un lui-même, et accompagné par le reste, sortit de Rajagaha en direction du Pic du Vautour. Il poursuivit aussi loin que put aller la voiture, puis, en étant descendu de voiture, il s'approcha du Béni du Ciel à pied. Après avoir échangé de courtoises salutations avec le Béni du Ciel, de même que bien des paroles agréables, il s'assit d'un côté et s'adressa comme suit au Béni du Ciel: «Vénérable Gotama, Ajatasattu, le roi de Magadha, rend hommage aux pieds du Vénérable Gotama et lui souhaite bonne santé, force, aisance, vigueur, et réconfort. Il désire faire la guerre aux Vajjis, et il s'est prononcé de la sorte: ‹Ces Vajjis, puissants et glorieux comme ils le sont, je vais les annihiler, je vais les faire périr, je vais complètement les détruire.›»
Conditions du bien-être d'une nation
A ce moment le Vénérable Ananda se tenait derrière le Béni du Ciel, en train de l'éventer, et le Béni du Ciel s'adressa ainsi au Vénérable Ananda: «Qu'as-tu entendu, Ananda: est-ce que les Vajjis se rassemblent fréquemment, et est-ce que leurs rassemblement sont bien courus?»
«J'ai entendu dire, Seigneur, qu'il en est ainsi.»
«Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis, pas à leur déclin.
«Qu'as-tu entendu, Ananda: est-ce que les Vajjis s'assemblent et se dispersent en paix et s'occupent de leurs affaires en concorde?»
«J'ai entendu dire, Seigneur, que c'est ce qu'ils font.»
«Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis, pas à leur déclin.
«Qu'as-tu entendu, Ananda: est-ce que les Vajjis n'ont ni promulgué de nouveaux décrets ni aboli ceux qui existent, mais procèdent en accord avec leurs antiques constitutions?»
«J'ai entendu dire, Seigneur, que c'est ce qu'ils font.»
«Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis, pas à leur déclin.
«Qu'as-tu entendu, Ananda: est-ce que les Vajjis honorent, estiment, montrent du respect, et de la vénération envers leurs anciens et pensent qu'il vaut la peine des écouter?»
«J'ai entendu dire, Seigneur, que c'est ce qu'ils font.»
«Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis, pas à leur déclin.
«Qu'as-tu entendu, Ananda: est-ce que les Vajjis évitent d'enlever les femmes et les jeunes filles de bonne famille et des détenir?»
«J'ai entendu dire, Seigneur, qu'ils évitent du faire.»
«Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis, pas à leur déclin.
«Qu'as-tu entendu, Ananda: est-ce que les Vajjis honorent, estiment, montrent du respect, et de la vénération envers leurs sanctuaires, autant ceux qui sont à l'intérieur de la cité que ceux qui sont à l'extérieur, et ne les privent pas des justes offrandes ainsi données et précédemment à eux faites?»
«J'ai entendu dire, Seigneur, qu'ils vénèrent effectivement leurs sanctuaires, et qu'ils ne les privent pas de leurs offrandes.»
«Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis, pas à leur déclin.
«Qu'as-tu entendu, Ananda: est-ce que les Vajjis protègent et gardent dûment les arahats, de sorte que ceux qui ne sont pas venus en leur royaume pourraient le faire, et que ceux qui y sont déjà puissent y vivre en paix?»
«J'ai entendu dire, Seigneur, que c'est ce qu'ils font.»
«Pour le moment, Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis, pas à leur déclin.»
Et le Béni du Ciel s'adressa au brahmane Vassakara en ces paroles: «Un jour, brahmane, je demeurais à Vesali, au sanctuaire Sarandada, et ce fut là que j'enseignai aux Vajjis ces sept conditions qui mènent au bien-être (d'une nation). Pour le moment, brahmane, ces conditions perdurent toujours chez les Vajjis, et les Vajjis sont connus pour elles, on peut donc s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.»
Là-dessus le brahmane Vassakara parla ainsi au Béni du Ciel: «Si les Vajjis, Vénérable Gotama, n'étaient dotés que d'une seule ou d'une autre de ces qui conduisent au bien-être, on pourrait s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin. Alors toutes les sept? Aucun mal, effectivement, ne peut être fait aux Vajjis au combat par le roi de Magadha, Ajatasattu, à part par traîtrise ou discorde. Bien, dans ce cas, Vénérable Gotama, nous allons prendre congé, car nous avons beaucoup à faire, beaucoup de travail à effectuer.»
«Fais comme bon te semble, brahmane.» Et le brahmane Vassakara, premier ministre de Magadha, approuvant les paroles du Béni du Ciel et ravi par elles, se leva de son siège et partit.
Bien-être des bhikkhus
Alors, peu après le départ de Vassakara, le Béni du Ciel s'adressa comme suit au Vénérable Ananda: «Va maintenant, Ananda, et rassemble dans la salle d'audience tous les bhikkhus qui vivent aux alentours de Rajagaha.»
«Très bien, Seigneur.» Et le Vénérable Ananda fit comme on lui avait demandé et informa le Béni du Ciel: «La communauté des bhikkhus est rassemblée, Seigneur. Que le Béni du Ciel fasse maintenant comme il le désire.»
Là-dessus le Béni du Ciel se leva de son siège, monta à la salle d'audience, y prit sa place, et s'adressa ainsi aux bhikkhus: «Je vais exposer sept conditions qui conduisent au bien-être, bhikkhus. Ecoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
«On peut s'attendre à la croissance des bhikkhus, pas à leur déclin, bhikkhus, tant qu'ils s'assembleront fréquemment et en grand nombre; se rencontreront et se disperseront en paix et s'occuperont des affaires du Sangha en concorde; tant qu'ils ne promulgueront pas de nouvelles règles, et n'aboliront pas celles qui existent, mais procéderont en accord avec le code d'entraînement (Vinaya); tant qu'ils honoreront, estimeront, montreront du respect, et de la vénération envers les anciens bhikkhus, ceux de longue pratique, depuis longtemps passés, les pères et chefs du Sangha, et penseront qu'il vaut la peine des écouter; tant qu'ils ne tomberont pas au pouvoir de l'envie insatiable qui conduit à un nouveau devenir; tant qu'ils chériront les profondeurs de la forêt pour leur demeure; tant qu'ils s'établiront dans l'attention, de sorte que les frères vertueux de l'Ordre qui n'y sont pas encore venus puissent le faire, et que ceux qui y sont déjà venus puissent vivre en paix; tant et si longtemps, bhikkhus, que ces sept conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhikkhus et que les bhikkhus seront connus pour elles, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.
«Je vais exposer sept conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhikkhus. Ecoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
«On peut s'attendre à la croissance des bhikkhus, pas à leur déclin, bhikkhus, tant qu'ils ne se régaleront pas, ne se complairont pas, et n'apprécieront pas les activités, la conversation, le sommeil, et la compagnie; tant qu'ils n'hébergeront pas de, ne tomberont pas sous l'emprise des, mauvais désirs; n'auront pas de mauvais amis, associés, ou compagnons; et tant qu'ils ne s'arrêteront pas à mi-chemin en raison de quelque résultat mineur. Dans cette mesure, bhikkhus, tant que ces sept conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhikkhus et que les bhikkhus seront connus pour cela, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.
Sept bonnes qualités
Je vais exposer sept conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhikkhus. Ecoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
«On peut s'attendre à la croissance des bhikkhus, pas à leur déclin, bhikkhus, tant qu'ils auront foi, tant qu'ils auront de la pudeur et la crainte de l'inconduite, qu'ils seront compétents dans l'étude, résolus, attentifs, et sages. Dans cette mesure, bhikkhus, tant que ces sept conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhikkhus, et que les bhikkhus seront connus pour cela, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.
Sept facteurs de l'Eveil
Je vais exposer sept conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhikkhus. Ecoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
«On peut s'attendre à la croissance des bhikkhus, pas à leur déclin, bhikkhus, tant qu'ils cultiveront les sept facteurs de l'Eveil, c'est-à-dire: l'attention, l'investigation des phénomènes, l'énergie, la béatitude, la tranquillité, la concentration, et l'équanimité. Dans cette mesure, bhikkhus, tant que ces sept conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhikkhus, et que les bhikkhus seront connus pour cela, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.
Sept perceptions
Je vais exposer sept conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhikkhus. Ecoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
«On peut s'attendre à la croissance des bhikkhus, pas à leur déclin, bhikkhus, tant qu'ils cultiveront la perception de l'impermanence, du non-soi, de l'impureté (du corps), de la misère (du corps), de l'abandonner, du dépassionnement, et de la cessation. Dans cette mesure, bhikkhus, tant que ces sept conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhikkhus, et que les bhikkhus seront connus pour cela, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.
Six conditions à se rappeller
«Je vais exposer six conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhikkhus. Ecoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
«On peut s'attendre à la croissance des bhikkhus, pas à leur déclin, bhikkhus, tant qu'ils auront mutuellement soin les uns des autres avec bonté en faits, en paroles et en pensées, autant en public qu'en privé; tant qu'ils respecteront ce qu'ils reçoivent dûment comme offrandes, même le contenu de de leurs bols à aumônes, qu'ils n'en feront pas usage sans en partager avec des membres vertueux de la communauté; tant que, en compagnie de leurs frères, ils s'entraîneront, autant en public qu'en privé, aux règles de conduite, qui sont complètes et parfaites, sans tache et pures, libératoires, louées par les sages, non-influencées (par des préoccupations mondaines), et favorables à la concentration de l'esprit; et en compagnie de leurs frères, préserveront, autant en public qu'en privé, la pénétration qui est noble et libératoire, et conduit celui qui agit dessus à la totale destruction de la souffrance. Dans cette mesure, bhikkhus, tant que ces six conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhikkhus, et que les bhikkhus seront connus pour cela, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.
Conseil aux bhikkhus
Et le Béni du Ciel, lorsqu'il vivait à Rajagaha, sur la colline appelée Pic du Vautour, souvent donnait ainsi conseil aux bhikkhus:
«Telle et telle est la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle est la sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu'elle est pleinement développée par la concentration; l'esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de l'ignorance.»
Quand le Béni du Ciel eut resté à Rajagaha aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa ainsi au Vénérable Ananda: «Allons, Ananda, allons à Ambalatthika.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Ambalatthika, de même qu'une grande communauté des bhikkhus.
A Ambalatthika le Béni du Ciel vint demeurer dans la maison de repos du roi; et là, aussi, le Béni du Ciel souvent donnait ainsi conseil aux bhikkhus:
«Telle et telle est la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle est la sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu'elle est pleinement développée par la concentration; l'esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de l'ignorance.»
Quand le Béni du Ciel eut resté à Ambalatthika aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable Ananda ainsi: «Allons, Ananda, allons à Nalanda.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Nalanda de même qu'une grande communauté des bhikkhus, et vint demeurer dans le bosquet de manguiers de Pavarika.
Le rugissement de lion de Sariputta
Alors le Vénérable Sariputta alla trouver le Béni du Ciel, les salua respectueusement, s'assit d'un côté, et lui parla comme suit:
«J'ai, Seigneur, cette foi dans le Béni du Ciel, qu'il n'y a pas été, qu'il n'y aura pas, ni y a-t-il maintenant, d'autre reclus ou brahmane plus exalté dans l'Eveil que le Béni du Ciel.»
«Noble effectivement est ce discours que tu fais, Sariputta, et seigneurial! Fiers propos, et véritable rugissement d'un lion! Mais comment est-cela, Sariputta? Ces Arahats, Pleinement Eveillés du passé—as-tu connaissance directe et personnelle de tous ces Bénis du Ciel, ainsi que de leurs vertus, de leur méditation, de leur sagesse, de leurs demeures, et de leur émancipation?»
«Ce n'est pas le cas, Seigneur.»
«Alors comment est-cela, Sariputta? Ces Arahats, Pleinement Eveillés du futur—as-tu connaissance directe et personnelle de tous ces Bénis du Ciel, ainsi que de leurs vertus, de leur méditation, de leur sagesse, de leurs demeures, et de leur émancipation?»
«Ce n'est pas le cas, Seigneur.»
«Alors comment est-cela, Sariputta? De moi, qui suis à présent l'Arhat, le Pleinement Eveillé, as-tu connaissance directe et personnelle, ainsi que de ma vertu, de ma méditation, de ma sagesse, de mes demeures, et de mon émancipation?»
«Ce n'est pas le cas, Seigneur.»
«Alors il est clair, Sariputta, que tu n'a pas une telle connaissance directe et personnelle des Arahats, des Pleinement Eveillés du passé, du futur, et du présent. Comment oses-tu donc prononcer un discours aussi noble et seigneurial, des propos aussi fiers, un véritable rugissement de lion, en disant: ‹J'ai, Seigneur, cette foi dans le Béni du Ciel, qu'il n'y a pas été, qu'il n'y aura pas, ni y a-t-il maintenant, d'autre reclus ou brahmane plus exalté dans l'Eveil que le Béni du Ciel.?»
«Je n'ai effectivement pas une telle connaissance directe et personnelle, Seigneur, ds Arahats, des Pleinement Eveillés du passé, du futur, et du présent; et pourtant j'en suis venu à reconnaître la légitimité du Dhamma. Supposons, Seigneur, qu'une forteresse frontalière d'un roi soit fortement fortifiée, avec de forts remparts et tourelles, et qu'elle n'avait qu'une seule porte, et qu'il y avait là un portier, intelligent, expérimenté, et prudent, qui empêcherait l'étranger d'entrer mais permettrait à l'ami d'entrer. En patrouillant le sentier qui fait le tour de la forteresse, il ne perçoit pas de trou ou de fissure dans les remparts même assez grands pour permettre à un chat de s'y glisser. Il en vient donc à la conclusion: ‹Quelles que soient les choses vivantes qui doivent entrer ou quitter cette cité, elles devront toutes passer par cette porte.› De même, Seigneur, j'en suis venu à connaître la légitimité du Dhamma.
«Car, Seigneur, tous les Bénis du Ciel, Arahats, Pleinement Eveillés du passé avaient abandonné les cinq empêchements, les souillures mentales qui affaiblissent la sagesse; avaient bien établi leurs esprits dans les quatre fondations de l'attention; avaient dûment cultivé les sept facteurs de l'éveil, et étaient pleinement éveillé dans l'Eveil suprême et insurpassé.
«Et, Seigneur, tous les Bénis du Ciel, Arahats, Pleinement Eveillés du futur vont abandonner les cinq empêchements, les souillures mentales qui affaiblissent la sagesse; vont bien établir leurs esprits dans les quatre fondations de l'attention; vont dûment cultiver les sept facteurs de l'éveil, et vont être pleinement éveillés dans l'Eveil suprême insurpassé.
«Et le Béni du Ciel aussi, Seigneur, étant à présent l'Arhat, le Pleinement Eveillé, a abandonné les cinq empêchements, les souillures mentales qui affaiblissent la sagesse; a bien établi son esprit dans les quatre fondations de l'attention; a dûment cultivé les sept facteurs de l'éveil, et est pleinement éveillé dans l'Eveil suprême et insurpassé.»
Et aussi à Nalanda, dans le bosquet de manguiers de Pavarika, le Béni du Ciel souvent donnait conseil aux bhikkhus ainsi:
«Telle et telle est la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle est la sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu'elle est pleinement développée par la concentration; l'esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de l'ignorance..»
Lorsque le Béni du Ciel eut resté à Nalanda aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable Ananda ainsi:
«Allons, Ananda, allons à Pataligama.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Pataligama de même qu'une grande communauté des bhikkhus.
Alors les dévots de Pataligama vinrent à savoir: "Le Béni du Ciel, dit-on, est arrivé à Pataligama.» Et ils approchèrent le Béni du Ciel, le saluèrent respectueusement, s'assirent d'un côté, et s'adressèrent à lui ainsi: «Puisse le Béni du Ciel, Seigneur, nous faire la bonté de visiter notre salle du conseil.» Et le Béni du Ciel consentit par son silence.
Connaissant le consentiment du Béni du Ciel, les dévots de Pataligama se levèrent de leurs sièges, le saluèrent respectueusement, et tout en gardant leur côté droit tourné vers lui, partirent pour la salle du conseil. Alors ils préparèrent la salle du conseil en couvrant le sol de partout, en disposant des sièges et de l'eau, et en installant une lampe à huile. Cela fait, ils retournèrent auprès du Béni du Ciel, le saluèrent respectueusement, et debout d'un côté, annoncèrent: «Seigneur, la salle du conseil est prête, avec le sol recouvert de partout, des sièges et de l'eau ont été disposés, et qu'une lampe à huile a été préparée. Que vienne le Béni du Ciel, Seigneur, à son gré.
Et le Béni du Ciel se prépara, et prenant son bol et sa robe, il s'en alla à la salle du conseil en compagnie de plusieurs bhikkhus. Après s'être lavé les pieds, le Béni du Ciel entra dans la salle du conseil et prit place tout près du pilier du milieu, face à l'est. La communauté des bhikkhus, après s'être lavé les pieds, entra elle aussi dans la salle du conseil et prit place près du mur ouest, face à l'est, de sorte que le Béni du Ciel se trouva devant eux. Et les dévots de Pataligama, après s'être lavé les pieds et être entrés dans la salle du conseil, s'assirent près du mur est, face à l'ouest, de sorte que le Béni du Ciel se trouva face à eux.
Les fruits d'une vie immorale et ceux d'une vie morale
Là-dessus le Béni du Ciel s'adressa ainsi aux dévots de Pataligama: «L'homme immoral, maîtres de maison, en s'éloignant de la vertu, va à l'encontre de cinq périls: de grandes pertes de fortune à cause de l'insouciance; une mauvaise réputation; un comportement timide et troublé dans toute société, que ce soit celle des nobles, des brahmanes, des maîtres de maison, ou des ascètes; la mort dans l'hébétude; et, à la dissolution du corps après la mort, à une renaissance dans un domaine de misère, dans un état malheureux, dans le monde inférieur, en enfer.
«Cinq bénédictions, maîtres de maison, échoient à l'homme honnête à cause de sa pratique de la vertu: grande augmentation de fortune à cause de sa diligence; une réputation favorable; une prestance assurée, sans timidité, dans toute société, que ce soit celle de nobles, de brahmanes, de maîtres de maison, ou d'ascètes; une mort sereine; et, à la dissolution du corps après la mort, une renaissance dans un état heureux, dans un monde céleste.»
Et le Béni du Ciel passa une grande partie de la nuit à instruire les dévots de Pataligama dans le Dhamma, les incitant, les édifiant, et les réjouissant, après quoi il leur donna congé, en disant: «La nuit est très avancée, maîtres de maison. Vous pouvez y aller à votre gré.
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et les dévots de Pataligama se levèrent de leurs sièges, saluèrent respectueusement le Béni du Ciel, et tout en gardant leur côté droit tourné vers lui, partirent. Et le Béni du Ciel, peu après leur départ, se retira dans ses quartiers.
A ce moment-là Sunidha et Vassakara, les principaux ministres de Magadha, étaient à construire une forteresse à Pataligama en défense contre les Vajjis. Et des devas en grand nombre, comptés par milliers, avaient pris possession de sites à Pataligama. Dans la région où des devas de grand pouvoir prévalaient, des officiels de grand pouvoir s'occupaient à construire des édifices; et là où des devas de moyen et de moindre pouvoirs prévalaient, des officiels de moyen et de moindre pouvoirs s'occupaient à construire des édifices.
Et le Béni du Ciel vit avec l'oeil céleste, pur et transcendant la faculté des hommes, des devas, comptés par milliers, là où ils avaient pris possession de sites dans Pataligama. Et se levant avant que la nuit fut passée, avant l'aube, le Béni du Ciel s'adressa ainsi au Vénérable Ananda: «Qui est-ce, Ananda, qui est en train de construire une cité à Pataligama?»
«Sunidha et Vassakara, Seigneur, les principaux ministres de Magadha, sont en train de construire une forteresse à Pataligama, en défense contre les Vajjis.»
«C'est, Ananda, comme si Sunidha et Vassakara avaient pris conseil avec les dieux des Trente-trois. Car j'ai observé, Ananda, avec l'oeil céleste, pur et transcendant la faculté des hommes, un grand nombre de devas, comptés par milliers, qui ont pris possession de sites à Pataligama. Dans la région où des devas de grand pouvoir prévalent, des officiels de grand pouvoir s'occupent de construire des édifices; et là où des devas de moyen et moindre pouvoirs prévalent, des officiels de moyen et moindre pouvoirs s'occupent de construire des édifices. En vérité, Ananda, aussi loin que s'étendent la race aryenne et les routes commerciales, cela sera la très importante cité de Pataliputta, un centre du commerce. Mais Pataliputta, Ananda, va être assailli par trois périls—le feu, l'eau, et les dissensions.»
Alors Sunidha et Vassakara allèrent trouver le Béni du Ciel, et après avoir courtoisement salué le Béni du Ciel, et avoir échangé beaucoup de paroles agréables, ils se tinrent d'un côté et s'adressèrent à lui ainsi: «Puisse le Vénérable Gotama daigner accepter notre invitation au repas de demain, ensemble avec la communauté des bhikkhus.» Et le Béni du Ciel consentit par son silence.
Connaissant le consentement du Béni du Ciel, Sunidha et Vassakara partirent pour leurs propres demeures, où ils firent préparer des mets de choix, durs et tendres. Et quand il fut temps, ils annoncèrent au Béni du Ciel: «Il est temps, Vénérable Gotama; le repas est prêt.»
Là-dessus le Béni du Ciel se prépara dans l'avant-midi, et prenant son bol et sa robe, il partit ensemble avec la communauté des bhikkhus chez Sunidha et Vassakara, où il prit le siège préparé pour lui. Et Sunidha et Vassakara eux-mêmes servirent la communauté des bhikkhus conduite par le Bouddha, et les servirent avec des mets de choix, durs et tendres. Lorsque le Béni du Ciel eut fini son repas et eut enlevé sa main de son bol, ils prirent des sièges bas et s'assirent d'un côté.
Et le Béni du Ciel les remercia avec ces stances:
«Partout où il habite, l'homme prudent
Pourvoit aux besoins du chaste et du vertueux;
Et ayant fait des dons à ces dignes personnes,
Il partage ses mérites avec les devas locaux.Et ainsi honorés, ils l'honorent en retour,
Ils lui sont gracieux ainsi qu'une mère
L'est envers son propre fils unique;
Et qui jouit ainsi de la grâce des devas,
Et est aimé par eux, il voit sa bonne fortune.»
Après ceci, le Béni du Ciel se leva de son siège et partit.
Traversée du Gange
Alors Sunidha et Vassakara suivirent derrière le Béni du Ciel, pas à pas, en disant: «Quelle que soit la porte par laquelle sortira l'ermite Gotama aujourd'hui, on l'appellera la Porte Gotama; et le gué par lequel il traversera le Gange, on l'appellera le gué de Gotama.» Et il en gut ainsi, en ce qui concertne la porte.
Mais quand le Béni du Ciel arriva au Gange, ce dernier était en pleine crue, de sorte que les corneilles pouvaient en boire. Et des gens partirent à la recherche d'un bateau ou d'un bac, cependant que d'autres assemblaient un radeau, parce qu'ils désiraient traverser. Mais le Béni du Ciel, aussi vite qu'un homme fort pourrait étendre son bras plié, ou replier son bras étendu, disparut de ce côté du Gange, et se retrouva de l'autre côté.
Et le Béni du Ciel vit les gens qui désiraient traverser chercher un bateau ou un bac, cependant que d'autres assemblaient des radeaux. Et alors le Béni du Ciel, les voyant ainsi, prononça cette phrase solennelle:
«Ceux ui ont franchi le vaste océan,
Laissant loin derrière les terres basses,
Alors que d'autres attachent encore leurs frêles radeaux,
Sont sauvés par la sagesse sans pareille.»
Deuxième partie
Le voyage à Vesali
Les Quatre Nobles Vérités
Alors le Béni du Ciel s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Allons, Ananda, allons à Kotigama.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Kotigama de même qu'une grande communauté de bhikkhus.
Et le Béni du Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Bhikkhus, c'est par défaut de réalisation, par défaut de pénétration des Quatre Nobles Vérités que vous et moi avons subi et sommes entrés dans cette longue course de la naissance et de la mort. Que sont ces quatre? Ce sont la noble vérité de la souffrance; la noble vérité de l'origine de la souffrance; la noble vérité de la cessation de la souffrance; et la noble vérité du chemin de la cessation de la souffrance. Mais maintenant, bhikkhus, que ces vérités ont été réalisées et pénétrées, tranché est le désir insatiable pour l'existence, détruit est ce qui mène au renouvellement du devenir, et il n'y a plus de nouveau devenir.»
Ainsi fut dit par le Béni du Ciel. Et le Béni du Ciel, le Maître, dit encore:
«De n'avoir pas vu les Quatre Nobles Vérités,
Long fut le dur chemin de naissance à naissance.
Dès qu'on les connaît, saute la cause de la renaissance,
Arrachée la racine du chagrin; alors prend fin la renaissance.»
Et à Kotigama aussi le Béni du Ciel donnait souvent ainsi conseil aux bhikkhus: «Telle et telle est la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle est la sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu'elle est pleinement développée par la concentration; l'esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de l'ignorance..»
Lorsque le Béni du Ciel eut resté à Kotigama aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Allons, Ananda, allons à Nadika.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Nadika de même qu'une grande communauté de bhikkhus, demeurant dans la Maison de Briques.
Les Quatre Réussites Spécifiques
Alors le Vénérable Ananda s'approcha du Béni du Ciel et, après l'avoir salué respectueusement, s'assit d'un côté. Et il dit au Béni du Ciel: «Ici à Nadika, Seigneur, sont décédés le bhikkhu Salha et la bhikkhuni Nanda. De même sont décédés le laïc Sudatta et la laïque Sujata; de même les laïcs Kakudha, Kalinga, Nikata, Katissabha, Tuttha, Santuttha, Bhadda, et Subhadda. Quel est leur destin, Seigneur? Quel est leur futur état?»
«Le bhikkhu Salha, Ananda, grâce à la destruction des pollutions a atteint en cette vie-même à la délivrance sans tache de l'esprit et à la délivrance grâce à la sagesse, l'ayant connu directement et l'ayant réalisé par lui-même.
«La bhikkhuni Nanda, Ananda, grâce à la destruction des cinq chaînes inférieures (qui lient les êtres au monde des sens), est montée spontanément (dans le Suddhavasa des devas) et arrivera à la cessation finale dans en cet endroit-même, non susceptible de revenir de ce monde (anagami).
«Le laïc Sudatta, Ananda, grâce à la destruction des trois chaînes (l'auto-persuasion, le doute, et la foi dans l'efficacité des rituels et des observances), et l'amoindrissement de la luxure, de la haine, et de l'illusion, est devenu un ne-revient-qu'une-fois (sakadagami) et il est en mesure de mettre fin à la souffrance après n'être revenu qu'une fois de plus à ce monde.
«La laïque Sujata, Ananda, grâce à la destruction des trois chaînes, est devenue une entrée-dans-le-courant (sotapanna), et ne risque plus de tomber dans les états de misère, assurée qu'elle est, et partie pour l'Eveil.
«Le laïc Kakudha, Ananda, grâce à la destruction des cinq chaînes inférieures (qui lient les êtres au monde des sens), est monté spontanément (parmi les Suddhavasa des devas), et arrivera à la cessation finale en cet endroit-même, non susceptible de revenir de ce monde.
«Il est ainsi de Kalinga, Nikata, Katissabha, Tuttha, Santuttha, Bhadda, et Subhadda, et de plus de cinquante laïcs à Nadika. Plus de quatre-vingt-dix laïcs qui sont décédés à Nadika, Ananda, grâce à la destruction des trois chaînes, et l'amoindrissement de la luxure, de la haine, et de l'illusion, sont devenus des ne-revient-qu'une-fois et sont en mesure de mettre fin à la souffrance après n'être revenus qu'une fois de plus à ce monde.
«Plus de cinq cent laïcs qui sont décédés à Nadika, Ananda, grâce à la complète destruction des trois chaînes sont devenus des entrés-dans-le-courant, et ne risquent plus de tomber dans les états de misère, assurés qu'ils sont, et partis pour l'Eveil.
Le Miroir du Dhamma
«Mais en vérité, Ananda, il n'est en rien étrange que les êtres humains doivent mourir. Mais si tu dois venir trouver le Tathâgata à chaque fois que cela se produit et l'interroger à leur propos de la sorte, cela le dérangerait effectivement. En conséquence, Ananda, je vais te donner l'enseignement appelé le Miroir du Dhamma, dont le noble disciple lorsqu'il le possède, et s'il devait en avoir l'envie, peut déclarer de lui-même: ‹Il n'y a plus de renaissance pour moi en enfer, ni en tant qu'animal ou que fantôme, ni dans aucun domaine de malheur. Je suis en entré-dans-le-courant, ne risquant plus de tomber dans les états de misère, assuré que je suis et parti pour l'Eveil.›»
«Et quel est, ô Ananda, cet enseignement appelé le Miroir du Dhamma, en possession dont le noble disciple peut ainsi se déclarer?
«En ce cas, Ananda, le noble disciple possède une foi inébranlable dans le Bouddha de cette manière: ‹Le Béni du Ciel est un Arahat, un Pleinement Eveillé, parfait en connaissance et en conduite, le Bienheureux, le connaisseur du monde, le suprême entraîneur des êtres, l'enseignant des dieux et des hommes, l'Eveillé, le Béni du Ciel.›
«Il possède une foi inébranlable dans le Dhamma de cette manière: ‹Bien exposé par le Béni du Ciel est le Dhamma, évident, hors du temps, il invite à l'examen, il conduit à l'émancipation, pour que les sages le comprennent, chacun pour lui-même.›
«Il possède une foi inébranlable dans l'Ordre des Disciples du Béni du Ciel de cette manière: ‹Bien portant est l'Ordre des Disciples du Béni du Ciel, correctement, sagement, et selon le devoir: c'est à dire, les quatre paires des hommes, les huit classes de personnes. L'Ordre des Disciples du Béni du Ciel est digne d'honneur, d'hospitalité, d'offrandes, de vénération—le champ suprême d'actes méritoires dans le monde.›
«Et il possède des vertus qui sont chères aux Personnes Nobles, qui sont complètes et parfaites, sans tache et pures, qui sont libératoires, louées par les sages, non-influencées (par des préoccupations mondaines), et favorable à la concentration de l'esprit.
«Ceci, Ananda, est l'enseignement appelé le Miroir du Dhamma, par où le noble disciple peut ainsi savoir de lui-même: ‹Il n'y aura plus pour moi de renaissance en enfer, ni en tant qu'animal ou que fantôme, ni dans aucun domaine de malheur. Je suis un entré-dans-le-courant, qui ne risque plus de tomber dans les états de misère, assuré que je suis et parti pour l'Eveil.›»
Et à Nadika aussi, dans la Maison de Briques, le Béni du Ciel souvent donnait conseil aux bhikkhus ainsi: "Telle et telle est la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle est la sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu'elle est pleinement développée par la concentration; l'esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de l'ignorance..»
Lorsque le Béni du Ciel eut resté à Nadika aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Allons, Ananda, allons à Vesali.»
«Qu'il en soit ainsi, ô seigneur.» Et le Béni du Ciel prit ses quartiers dans Vesali de même qu'une grande communauté des bhikkhus, et il demeura dans le bosquet d'Ambapali.
Attention et claire compréhension
Alors le Béni du Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: «Il faudrait que vous demeuriez attentifs, bhikkhus, en état de comprendre clairement; je vous y exhorte.
«Et comment, bhikkhus, un bhikkhu se montre-t-il attentif? Lorsqu'il demeure dans la contemplation du corps dans le corps, sincèrement, en état de comprendre clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par rapport au monde; et quand il demeure dans la contemplation des sensations dans les sensations, de l'esprit dans l'esprit, des objets mentaux dans les objets mentaux, sincèrement, en état de comprendre clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par rapport au monde, alors dit-on de lui qu'il est attentif.
«Et comment, bhikkhus, un bhikkhu a-t-il une claire compréhension? Lorsqu'il reste pleinement conscient de ses allées et venues, de ses actions de regarder devant lui ou de détourner le regard, de se plier ou de s'étirer, de porter sa robe et son bol, de manger ou de boire, de mastiquer et de savourer, de déféquer et d'uriner, de marcher, de rester debout, d'être assis ou couché, d'aller dormir ou de rester éveillé, de parler ou de garder le silence, alors dit-on de lui qu'il a une claire compréhension.
«Il faudrait que vous demeuriez attentifs, bhikkhus, en état de comprendre clairement; je vous y exhorte.»
Ambapali et les Licchavis
Alors Ambapali la courtisane vint à savoir: «Le Béni du Ciel, dit-on, est arrivé à Vesali et demeure maintenant dans mon bosquet de manguiers." Et elle ordonna de préparer un grand nombre de magnifiques voitures, monta dans l'une d'elles, et accompagnée par le reste, sortit de Vesali vers son parc. Elle alla en voiture aussi loin que celle-ci put aller, avant de descendre; et s'approchant du Béni du Ciel à pied, elle le salua respectueusement et s'assit d'un côté. Et le Béni du Ciel instruisit Ambapali la courtisane dans le Dhamma et la stimula, l'édifia, et la réjouit.
Après cela Ambapali la courtisane s'adressa au Béni du Ciel, en disant: «Puisse le Béni du Ciel, ô seigneur, avoir la bonté d'accepter mon invitation pour le repas de demain, ensemble avec la communauté des bhikkhus.» Et par son silence le Béni du Ciel consentit.
Assurée, dès lors, de l'assentiment du Béni du Ciel, Ambapali la courtisane se leva de son siège, le salua respectueusement, et tournant son côté droit vers lui, prit congé.
Alors les Licchavi de Vesali vinrent à savoir: «Le Béni du Ciel, dit-on, est arrivé à Vesali et demeure maintenant dans le bosquet d'Ambapali.» Et ils ordonnèrent de préparer un grand nombre de magnifiques voitures, chacun en prit une, et accompagné par le reste, sortit de Vesali. Or, de ces Licchavis, certains étaient en bleu, avec des vêtements et des ornements tout bleus, cependant que d'autres étaient en jaune, rouge, et blanc.
Et Ambapali la courtisane en vint donc à croiser les jeunes Licchavis, essieu par essieu, roue par roue, et joug par joug. Là-dessus les Licchavis s'exclamèrent: «Pourquoi viens-tu ainsi à notre rencontre, Ambapali?»
«C'est ainsi, effectivement, mes princes, et pas autrement! Car le Béni du Ciel est invité par moi pour le repas de demain, ensemble avec la communauté des bhikkhus!»
«Laisse tomber le repas, Ambapali, pour cent mille!»
Mais elle répliqua: «Même si vous deviez me donner Vesali, messeigneurs, ensemble avec ses terres tributaires, je ne laisserais pas tomber un repas d'une telle importance.»
Alors les Licchavis claquèrent des doigts de déplaisir: «Voyez, les amis! Nous sommes vaincus par cette fille aux manguiers! Nous sommes complètement surpassés par cette fille aux manguiers!» Mais ils continuèrent leur route jusqu'au bosquet d'Ambapali.
Et le Béni du Ciel vit venir de loin les Licchavis. Alors il s'adressa aux bhikkhus, en disant: «Ceux d'entre vous, bhikkhus, qui n'ont pas encore vu les Trente-trois dieux, peuvent regarder l'assemblée des Licchavis, et peuvent les contempler, car ils sont comparables à l'assemblée des Trente-trois dieux.»
Alors les Licchavis allèrent en voiture aussi loin que celles-ci purent aller, avant de descendre; et s'approchant du Béni du Ciel à pied, ils le saluèrent respectueusement et s'assit d'un côté. Le Béni du Ciel instruisit les Licchavis dans le Dhamma, et les stimula, les édifia, et les réjouit.
Après cela les Licchavis s'adressèrent au Béni du Ciel, en disant: «Puisse le Béni du Ciel, ô seigneur, avoir la bonté d'accepter notre invitation pour le repas de demain, ensemble avec la communauté des bhikkhus.»
«L'invitation pour le repas de demain, Licchavis, je l'ai acceptée d'Ambapali la courtisane.»
Alors les Licchavis claquèrent des doigts de déplaisir: «Voyez, les amis! Nous sommes vaincus par cette fille aux manguiers! Nous sommes complètement surpassés par cette fille aux manguiers!» Et alors les Licchavis, approuvant les paroles du Béni du Ciel et s'en régalant, se levèrent de leurs sièges, le saluèrent respectueusement, et tout en gardant leur côté droit tourné vers lui, prirent congé.
Alors, après qu'ait passé la nuit, Ambapali la courtisane fit préparer des mets de choix, durs et tendres, dans son parc, et l'annonça au Béni du Ciel: «Il est temps, ô seigneur; le repas est prêt.» Là-dessus le Béni du Ciel se prépara dans l'avant-midi, et prenant son bol et sa robe, il partit ensemble avec la communauté des bhikkhus pour la demeure d'Ambapali, et là il prit le siège préparé pour lui. Et Ambapali elle-même servit la communauté des bhikkhus conduite par le Bouddha, et les servit avec des mets de choix, durs et tendres.
Et quand le Béni du Ciel eut fini son repas et eut enlevé sa main de son bol, Ambapali la courtisane prit un siège bas, et se plaçant d'un côté, s'adressa au Béni du Ciel, en disant: «Ce parc, ô seigneur, je l'offre la communauté des bhikkhus conduite par le Bouddha.» Et le Béni du Ciel accepta le parc. Il instruisit alors Ambapali dans le Dhamma, et l'ayant stimulé, édifié, et réjoui, il se leva de son siège et partit.
Et à Vesali aussi, dans le bosquet d'Ambapali, le Béni du Ciel souvent donnait conseil aux bhikkhus ainsi: "Telle et telle est la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle est la sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu'elle est pleinement développée par la concentration; l'esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de l'ignorance..»
Lorsque le Béni du Ciel eut resté dans le bosquet d'Ambapali aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Allons, Ananda, allons au village de Beluva.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et le Béni du Ciel prit ses quartiers dans le village de Beluva de même qu'une grande communauté des bhikkhus.
La maladie mortelle du Béni du Ciel
A ce moment, le Béni du Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: «Allez maintenant, bhikkhus, et trouvez refuge n'importe où dans les environs de Vesali où ou vous soyez les bienvenus, parmi vos connaissances et amis, et passez là la saison des pluies. Quant à moi, je vais passer la saison des pluies ici même, dans le village de Beluva.»
«Qu'il en soit ainsi, ô seigneur,» répondirent les bhikkhus.
Mais quand le Béni du Ciel fut entré dans la saison des pluies, surgit en lui une sévère maladie, et des douleurs aiguës et mortelles lui vinrent. Et le Béni du Ciel les supporta avec attention, en état de comprendre clairement et imperturbable.
Alors it apparut au Béni du Ciel que: «Il ne serait pas convenable que j'en arrive à mon décès final sans m'adresser à ceux qui m'ont servi, sans prendre congé de la communauté des bhikkhus. Alors il faudra donc que je supprime cette maladie par force de volonté, que je me résolve à maintenir le processus de la vie, et que je survive.»
Et le Béni du Ciel supprima la maladie par force de volonté, se résolut à maintenir le processus de la vie, et survécut. C'est ainsi que la maladie du Béni du Ciel fut soulagée.
Et le Béni du Ciel se remit de cette maladie; et peu après son rétablissement il sortit de sa demeure et s'assit à l'ombre de l'immeuble, sur un siège préparé pour lui. Alors le Vénérable Ananda s'approcha du Béni du Ciel, le salua respectueusement, et s'assit d'un côté, puis il s'adressa au Béni du Ciel, en disant: «Il est heureux pour moi, ô Seigneur, que je puisse voir le Béni du Ciel à l'aise à nouveau! Il est heureux pour moi, ô seigneur, que je puisse voir le Béni du Ciel se remettre! Car en vérité, Seigneur, quand j'ai vu la maladie du Béni du Ciel ce fut comme si mon propre corps était devenu aussi faible qu'un ver, toute chose tout autour m'était devenue floue, et mes sens m'ont trahi. Et pourtant, Seigneur, il me restait encore un peu de réconfort à l'idée que le Béni du Ciel n'arriverait pas à son décès final avant d'avoir donné de dernières instructions à propos de la communauté des bhikkhus.»
Ainsi parla le Vénérable Ananda, mais le Béni du Ciel lui répondit en disant: «Qu'est-ce que la communauté des bhikkhus attend de plus de moi, Ananda? J'ai prononcé le Dhamma sans faire de distinction de doctrine ésotérique et exotérique; il n'y a rien, Ananda, par rapport aux enseignements que le Tathâgata retienne jusqu'à la fin du poing fermé d'un enseignant qui retient des choses [secrètes]. Quiconque croit qu'il est celui qui doit mener la communauté des bhikkhus, ou que la communauté dépend de lui, est celui qui devrait laisser de dernières instructions par rapport à eux. Mais, Ananda, le Tathâgata n'a aucune idée à l'effet que ce devrait être lui qui devrait mener la communauté des bhikkhus, ou que la communauté dépendrait de lui. Quelles instructions devrait-il donc donner par rapport à la communauté des bhikkhus?
«Je suis frêle désormais, Ananda, vieux, âgé, très avancé en années. Ceci est ma quatre-vingtième année, et ma vie est passée. De même qu'une vieille charette, Ananda, n'est plus maintenue ensemble qu'avec beaucoup de difficulté, de même le corps du Tathâgata ne continue à fonctionner qu'avec des soutiens. Ce n'est, Ananda, que lorsque le Tathâgata, ne tenant plus compte des objets extérieurs, avec la cessation de certaines sensations, atteint et demeure dans la concentration de l'esprit sans signes, que son corps est plus confortable.
«En conséquence, Ananda, soyez des îles pour vous-mêmes, des refuges pour vous-mêmes, et ne cherchez aucun refuge extérieur; avec le Dhamma pour votre île, le Dhamma pour votre refuge, ne cherchez aucun autre refuge.
«Et comment, Ananda, un bhikkhu est-il une île pour lui-même, un refuge pour lui-même, et ne cherche-t-il aucun autre refuge; avec le Dhamma pour son île, le Dhamma pour son refuge, ne cherche—t-il aucun autre refuge?
«Lorsqu'il demeure dans la contemplation du corps dans le corps, sincèrement, en état de comprendre clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par rapport au monde; quand il demeure dans la contemplation des sensations dans les sensations, de l'esprit dans l'esprit, des objets mentaux dans les objets mentaux, sincèrement, en état de comprendre clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par rapport au monde, alors, en vérité, il est une île pour lui-même, un refuge pour lui-même, ne cherchant pas de refuge extérieur; ayant le Dhamma pour son île, le Dhamma pour son refuge, il ne cherche aucun autre refuge.
«Ces miens bhikkhus, Ananda, qui maintenant ou après mon départ, seront ainsi une île pour eux-mêmes, un refuge pour eux-mêmes, ne chercheront aucun autre refuge; qui, ayant le Dhamma pour leur île et refuge, ne chercheront aucun autre refuge: ce sont eux qui deviendront les plus hauts, s'ils ont le désir d'apprendre.»
Troisième partie
Son abandon de l'envie de vivre
La suggestion du Béni du Ciel
Alors le Béni du Ciel, se préparant dans l'avant-midi, prit son bol et sa robe et partit pour Vesali pour demander l'aumône. Après sa tournée d'aumônes et son repas, à son retour, il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Prend une natte, Ananda, et allons passer la journée au sanctuaire de Capala.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et le Vénérable Ananda prit une natte et suivit le Béni du Ciel, pas à pas.
Et le Béni du Ciel alla au sanctuaire de Capala et s'assit sur le siège préparé pour lui. Et quand le Vénérable Ananda se fut lui-même assis de côté après avoir respectueusement salué le Béni du Ciel, le Seigneur lui dit: «Agréable, Ananda, est Vesali; agréables sont les sanctuaires de Udena, Gotamaka, Sattambaka, Bahuputta, Sarandada, et Capala.»
Et le Béni du Ciel dit: «Quiconque, Ananda, a développé, pratiqué, employé, renforcé, maintenu, scruté, et amené à perfection les quatre composantes des pouvoirs psychiques pourrait, s'il le voulait, demeurer durant toute une période-monde ou jusqu'à sa fin. Le Tathâgata, Ananda, a ainsi fait. En conséquence le Tathâgata pourrait, s'il le voulait, demeurer durant toute une période-monde ou jusqu'à sa fin.»
Mais le Vénérable Ananda fut incapable de saisir la perche qu'on lui tendait, l'importante suggestion , donnée par le Béni du Ciel. Comme si son esprit avait été influencé par Mara, il n'implora pas le Béni du Ciel: «Puisse le Béni du Ciel demeurer, ô seigneur!. Puisse le Béni du Ciel demeurer, ô seigneur, tout au long de la période-monde, pour le bien-être et le bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice, le bien-être, et le bonheur des dieux et les hommes!»
Et quand pour une seconde et troisième fois le Béni du Ciel répéta ses paroles, le Vénérable Ananda garda le silence.
Alors le Béni du Ciel dit au Vénérable Ananda: «Va maintenant, Ananda, et fais comme bon te semble.»
«Comme vous voudrez, ô seigneur.» Et le Vénérable Ananda, se levant de son siège, salua respectueusement le Béni du Ciel, et tenant son côté droit envers lui, prit place assis sous un arbre à quelque distance de là.
L'appel de Mara
Et quand le Vénérable Ananda se fut éloigné, Mara, le Malin, s'approcha du Béni du Ciel. Et debout d'un côté il s'adressa au Béni du Ciel, en disant: «Maintenant, ô seigneur, que le Béni du Ciel en vienne à son décès final; que le Béni du Ciel disparaisse complètement! Le temps est venu pour le Parinibbâna du Seigneur.
«Car le Béni du Ciel, ô seigneur, m'a dit ces paroles: ‹je ne vais pas arriver à mon décès final, ô Malin, tant que mes bhikkhus et bhikkhunis, laïcs et laïques, ne seront pas devenus de vrais disciples—sages, bien disciplinés, aptes et instruits, protecteurs du Dhamma, vivant selon le Dhamma, s'en tenant au comportement approprié, et ayant appris les paroles du Maître, capables de l'exposer, la prêcher, la proclâmer, l'établir, la révéler, l'expliquer en détail, et la rendre claire; jusqu'à ce que, quand surgissent des opinions adverses, ils puissent être en mesure des réfuter totalement et bien, et de prêcher ce Dhamma convainquant et libératoire.›
«Et maintenant, ô seigneur, bhikkhus et bhikkhunis, laïcs et laïques, sont devenus les disciples du Béni du Ciel exactement de cette manière. Donc, ô seigneur, que le Béni du Ciel arrive à son décès final! Le temps est venu pour le Parinibbâna du Seigneur.
«Car le Béni du Ciel, ô seigneur, m'a dit ces paroles: ‹je ne vais pas arriver à mon décès final, ô Malin, tant que cette vie sainte enseignée par moi n'aura pas été couronnée de succès, ne sera pas prospère, très renommée, populaire, et très répandue, tant qu'elle n'aura pas été bien proclamée parmi les dieux et les hommes.› Et ceci aussi est arrivé exactement de cette manière. Donc, ô seigneur, que le Béni du Ciel arrrive à son décès final, que le Béni du Ciel disparaisse complètement! Le temps est venu pour le Parinibbâna du Seigneur.»
Le Béni du Ciel abandonne son envie de vivre
Lorsque ceci fut dit, le Béni du Ciel s'adressa à Mara, le Malin, en disant: «Ne te préoccupe pas, ô Malin. D'ici peu le Parinibbâna du Tathâgata surviendra. Dans trois mois le Tathâgata va complètement disparaître.»
Et au sanctuaire de Capala le Béni du Ciel ainsi attentif et en état de comprendre clairement renonça à sa volonté de survivre. Et au moment où le Seigneur renonça à sa volonté de survive, survint un terrible tremblement de terre, épouvantable et abasourdissant, et le tonnerre gronda à travers les cieux. Et le Béni du Ciel l'observa en comprenant, et fit cette déclaration solennelle:
«Ce qui cause la vie, illimitée ou confinée—
Son processus du devenir—à cela le Sage
Renonce. Avec calme et joie intérieurs il rompt,
Comme une cotte de mailles, la cause de sa propre vie.»
Alors il vint à l'esprit du Vénérable Ananda: «C'est effectivement merveilleux, et très extraordinaire! La terre tremble puissamment, terriblement! C'est épouvantable et abasourdissant, comme le tonnerre gronde à travers les cieux! Que pourrait être la raison, que pourrait-être la cause, qu'un si puissant tremblement de terre survienne?»
Huit causes de tremblements de terre
Et le Vénérable Ananda s'approcha du Béni du Ciel, et le saluant respectueusement, s'assit d'un côté. Alors il s'adressa au Béni du Ciel, en disant: «C'est effectivement merveilleux, et très extraordinaire! La terre tremble puissamment, terriblement! C'est épouvantable et abasourdissant, comme le tonnerre gronde à travers les cieux! Que pourrait être la raison, que pourrait-être la cause, qu'un si puissant tremblement de terre survienne?»
Alors le Béni du Ciel dit: «Il y a huit raisons, Ananda, huit causes, pour que se produise un puissant tremblement de terre. Que sont ces huit?
«Cette grande terre, Ananda, est établie sur du liquide, ce liquide sur l'atmosphère, et l'atmosphère sur l'espace. Et quand, Ananda, de puissantes perturbations atmosphériques ont lieu, le liquide est agité. Et avec l'agitation du liquide, se produisent des secousses de la terre. Ceci est la première raison, la première cause pour que se produisent de puissant tremblements de terre.
«Encore une fois, Ananda, quand un ascète ou un saint homme de grand pouvoir, un qui est arrivé à la maîtrise de son esprit, ou une divinité qui est puissante et efficace, développe une concentration intense sur l'aspect limité de la terre-élément, et à un degré illimité sur l'élément liquide, eux, aussi, sont cause que la terre tremble, frémisse, et secoue. Ceci est la seconde raison, la seconde cause pour que se produisent de puissants tremblements de terre.
«Encore une fois, Ananda, quand le Bodhisatta quitte le domaine Tusita et descend dans la matrice de sa mère, attentif et en état de comprendre clairement; et quand le Bodhisatta sort de la matrice de sa mère, attentif et en état de comprendre clairement; et quand le Tathâgata devient pleinement éveillé dans l'Eveil suprême et insurpassé; quand le Tathâgata met en mouvement l'excellente Roue du Dhamma; quand le Tathâgata renonce à sa volonté de survivre; et quand le Tathâgata arrive à passer dans l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement—alors, là aussi, Ananda, cette grande terre tremble, frémit, et secoue.
«Ce sont là, Ananda, les huit raisons, les huit causes pour que se produise un grand tremblement de terre.
Huit assemblées
«Or il y a là huit sortes d'assemblées, Ananda, c'est à dire, des assemblées de nobles, de brahmanes, de maîtres de maison, d'ascètes, des Quatre Grand Rois, des Trente-trois dieux, des Maras, et des Brahmas.
«Et je me rappelle, Ananda, comme j'ai assisté à chacune de ces huit sortes d'assemblées, par centaines. Et avant de m'asseoir et de commencer la conversation ou la discussion, j'ai fait en sorte que mon apparence ressemble à la leur, que ma voix ressemble à la leur. Et ainsi je leur ai enseigné le Dhamma, et je les ai stimulé, édifié, et réjoui. Et pourtant cependant que je leur parlais ainsi ainsi, ils ne me connaissaient pas, et ils se demandaient les uns aux autres, asking: ‹Qui était-ce qui speaks à nous? Etait-ce un homme ou un dieu?›
«Alors having taught them le Dhamma, et le stimula, l'édifia, et gladdened them, I would straightaway disparaîtrais. Et quand I avaient vanished, aussi, ils ne me connaissaient pas, et ils se demandaient les uns aux autres: ‹Qui était-ce qui vient de disparaître? Etait-ce un homme ou un dieu?›
«Et telles, Ananda, sont les huit sortes d'assemblées.
Huit champs de maîtrise
«Or il y a là huit champs de la maîtrise, Ananda. Que sont ces huit?
«Lorsque, percevant subjectivement les formes, on voit de petites formes, belles ou laides, extérieures à soi-même, et qu'on les maîtrise, qu'on est conscient des percevoir et des connaître comme elles sont—ceci est le premier champ de la maîtrise.
«Lorsque, percevant subjectivement les formes, on voit de grandes formes, belles ou laides, extérieures à soi-même, et qu'on les maîtrise, qu'on est conscient des percevoir et des connaître comme elles sont—ceci est le second champ de la maîtrise.
«Lorsque, ne percevant pas subjectivement les formes, on voit de petites formes, belles ou laides, extérieures à soi-même, et qu'on les maîtrise, qu'on est conscient des percevoir et des connaître comme elles sont—ceci est le troisième champ de la maîtrise.
«Lorsque, ne percevant pas subjectivement les formes, on voit de grandes formes, belles ou laides, extérieures à soi-même, et qu'on les maîtrise, qu'on est conscient des percevoir et des connaître comme elles sont—ceci est le quatrième champ de la maîtrise.
«Lorsque, ne percevant pas subjectivement les formes, on voit des formes extérieures à soi-même qui sont bleues, bleues en couleur, d'un lustre bleu comme les fleurs de lin, ou comme de la fine mousseline de Bénarès qui, polie sur autant de côtés, est bleue, bleue en couleur, d'un lustre bleu—quand une telle personne voit des formes extérieures à soi-même qui sont bleues, et qu'elle les maîtrise, qu'elle est consciente des percevoir et des connaître comme elles sont—ceci est le cinquième champ de la maîtrise.
«Lorsque, ne percevant pas subjectivement les formes, on voit des formes extérieures à soi-même qui sont jaunes, jaunes en couleur, d'un lustre jaune comme la fleur de Kanikara, ou comme de la fine mousseline de Bénarès qui, polie sur autant de côtés, est jaune, jaune en couleur, d'un lustre jaune—quand une telle personne voit des formes extérieures à soi-même qui sont jaunes, et qu'elle les maîtrise, qu'elle est consciente des percevoir et des connaître comme elles sont—ceci est le sixième champ de la maîtrise.
«Lorsque, ne percevant pas subjectivement les formes, on voit des formes extérieures à soi-même qui sont rouges, rouges en couleur, d'un lustre rouge comme la fleur de Bandhujivaka, ou comme de la fine mousseline de Bénarès qui, polie sur autant de côtés, est rouge, rouge en couleur, d'un lustre rouge—quand une telle personne voit des formes extérieures à soi-même qui sont rouges, et qu'elle les maîtrise, qu'elle est consciente des percevoir et des connaître comme elles sont—ceci est le septième champ de la maîtrise.
«Lorsque, ne percevant pas subjectivement les formes, on voit des formes extérieures à soi-même qui sont blanches, blanches en couleur, d'un lustre blanc comme l'étoile du matin, ou comme de la fine mousseline de Bénarès qui, polie sur autant de côtés, est blanche, blanche en couleur, d'un lustre blanc—quand une telle personne voit des formes extérieures à soi-même qui sont blanches, et qu'on les maîtrise, qu'elle est consciente des percevoir et des connaître comme elles sont—ceci est le huitième champ de la maîtrise.
«Et tels, Ananda, sont les huit champs de la maîtrise.
Huit libérations
«Or il y a là huit libérations, Ananda. Que sont ces huit?
«Ayant soi-même une forme, on perçoit des formes; ceci est la première libération.
«Sans avoir conscience de sa propre forme, on perçoit des formes extérieures à soi-même; ceci est la seconde libération.
«En ressentant la beauté, on y est résolu; ceci est la troisième libération.
«En transcendant complètement les perceptions de la matière, par la disparition des perceptions de la réaction sensorielle, et en n'accordant aucune attention aux perceptions de la diversité, on devient conscient de, on atteint à, et on demeure dans la sphère de l'espace infini; ceci est la quatrième libération.
«En transcendant complètement la sphère de l'espace infini, on devient conscient de, on atteint à, et on demeure dans la sphère de la conscience infinie; ceci est la cinquième libération.
«En transcendant complètement la sphère de la conscience infinie, on devient conscient de, on atteint à, et on demeure dans la sphère de la vacuité; ceci est la sixième libération.
«En transcendant complètement la sphère de la vacuité, on atteint à, et on demeure dans la sphère de ni-perception-ni-non-perception; ceci est la septième libération.
«En transcendant complètement la sphère de ni-perception-ni-non-perception, on atteint à, et on demeure dans la cessation de perception et sensation; ceci est la huitième libération.
«Et telles, Ananda, sont les huit libérations.
La première tentation de Mara
«Il fut un temps, Ananda, où je demeurais à Uruvela, sur la berge de la rivière Nerañjara, au pied du banyan du chevrier, peu après mon Eveil suprême. Et Mara, le Malin, s'approcha de moi, en disant: ‹Maintenant, ô seigneur, que le Béni du Ciel arrrive à son décès final! Que le Béni du Ciel disparaisse complètement! Le temps est venu pour le Parinibbâna du Seigneur.›
«Alors, Ananda, j'ai répondu à Mara, le Malin, en disant: ‹je ne vais pas arriver à mon décès final, ô Malin, tant que mes bhikkhus et bhikkhunis, laïcs et laïques, ne seront pas devenus de vrais disciples—sages, bien disciplinés, aptes et instruits, protecteurs du Dhamma, vivant selon le Dhamma, s'en tenant au comportement approprié et, ayant appris la parole du Maître, capables de l'exposer, la prêcher, la proclâmer, l'établir, la révéler, l'expliquer en détail, et la rendre claire; jusqu'à ce que, quand surgissent des opinions adverses, ils puissent être capables des réfuter totalement et bien, et de prêcher ce Dhamma convainquant et libératoire.
«‹Je ne vais pas arriver à mon décès final, ô Malin, tant que cette vie sainte enseignée par moi n'aura pas été couronnée de succès, ne sera pas devenue prospère, très renommée, populaire, et très répandue, jusqu'à ce qu'elle soit bien proclamée parmi les dieux et les hommes.›
«Et encore aujourd'hui, Ananda, au sanctuaire de Capala, Mara, le Malin, s'est approché de moi, en disant: ‹Maintenant, ô seigneur, bhikkhus et bhikkhunis, laïcs et laïques, sont devenus de vrais disciples du Béni du Ciel—sages, bien disciplinés, aptes et instruits, protecteurs du Dhamma, vivant selon le Dhamma, s'en tenant au comportement approprié, et ayant appris la parole du Maître, capables de l'exposer, la prêcher, la proclâmer, l'établir, la révéler, l'expliquer en détail, et la rendre claire; et quand surgissent des opinions adverses, désormais capables des réfuter totalement et bien, et de prêcher ce Dhamma convainquant et libératoire.
«‹Et maintenant, ô seigneur, cette vie sainte enseignée par le Béni du Ciel a été couronnée de succès, est devenue prospère, très renommée, populaire et très répandue, et bien proclamée parmi les dieux et les hommes. En conséquence, ô seigneur, que le Béni du Ciel arrrive à son décès final! Que le Béni du Ciel disparaisse complètement! Le temps est venu pour le Parinibbâna du Seigneur.›
«Et alors, Ananda, j'ai répondu à Mara, le Malin, en disant: ‹Ne te préoccupe pas, ô Malin. D'ici peu le Parinibbâna du Tathâgata surviendra. Dans trois mois le Tathâgata va complètement disparaître.›
«Et c'est ainsi, Ananda, qu'aujourd'hui au sanctuaire de Capala le Tathâgata a renoncé à sa volonté de survivre.»
L'appel d'Ananda
A ces paroles le Vénérable Ananda s'adressa au Béni du Ciel, en disant: «Puisse le Béni du Ciel demeurer, ô seigneur! Puisse le Béni du Ciel demeurer, ô seigneur, tout au long de la période-monde, pour le bien-être et le bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice, le bien-être, et le bonheur des dieux et les hommes!»
Et le Béni du Ciel répondit, en disant: «Suffit, Ananda. N'implore pas le Tathâgata, car le moment est passé, Ananda, de telles supplications.»
Mais une seconde et une troisième fois, le Vénérable Ananda dit au Béni du Ciel: «Puisse le Béni du Ciel demeurer, ô seigneur! Puisse le Béni du Ciel demeurer, ô seigneur, tout au long de la période-monde, pour le bien-être et le bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice, le bien-être, et le bonheur des dieux et les hommes!»
Alors le Béni du Ciel dit: «As-tu foi, Ananda, dans l'Eveil du Tathâgata?» Et le Vénérable Ananda répliqua: «Oui, ô seigneur, j'ai foi.»
«Alors comment, Ananda, peux-tu persister contre le Tathâgata même une troisième fois?»
Alors le Vénérable Ananda dit: «Ceci, ô seigneur, je l'ai entendu dire et je l'ai appris du Béni du Ciel lui-même quand le Béni du Ciel m'a dit: ‹Quiconque, Ananda, a développé, pratiqué, employé, renforcé, maintenu, scruté, et amené à perfection les quatre composantes des pouvoirs psychiques pourrait, s'il le voulait, demeurer durant toute une période-monde ou jusqu'à sa fin. Le Tathâgata, Ananda, a ainsi fait. En conséquence le Tathâgata pourrait, s'il le voulait, demeurer durant toute une période-monde ou jusqu'à sa fin.›»
«Oui, ô seigneur, je l'ai cru.»
«Alors, Ananda, la faute est tienne. C'est là que tu as failli, en ce que tu as été ainsi incapable de saisir la perche qu'on te tendait, l'importante suggestion que te faisait le Tathâgata, et tu n'as pas alors supplié le Tathâgata de demeurer. Car si tu l'avais fait, Ananda, le Tathâgata aurait pu décliner deux fois, mais à la troisième fois il aurait consenti. En conséquence, Ananda, la faute est tienne; c'est là que tu as failli.
«A Rajagaha, Ananda, quand j'étais au Pic du Vautour, je me suis adressé à toi, en disant: ‹Agréable, Ananda, est Rajagaha; agréable est le Pic du Vautour. Quiconque, Ananda, a développé… En conséquence le Tathâgata pourrait, s'il le voulait, demeurer durant toute une période-monde ou jusqu'à sa fin.›
«De même dans le Bosquet de Banyans, à la Falaise de Voleurs, à la Caverne de Sattapanni sur le mont Vebhara, au Rocher Noir d'Isigili, au Bassin des Serpents dans la Fraîche Forêt, au Bosquet de Tapoda, à la Forêt des Bambous dans le Nourrissoir des Ecureuils, à la Forêt de Manguiers de Jivaka, et au Petit Refuge dans le Parc aux Daims, je me suis adressé à toi avec les mêmes paroles, en disant: ‹Agréable, Ananda, est Rajagaha, agréables sont ces endroits. Quiconque, Ananda, a développé… En conséquence le Tathâgata pourrait, s'il le voulait, demeurer durant toute une période-monde ou jusqu'à sa fin.›
«Mais toi, Ananda, tu as été incapable de saisir la perche qu'on te tendait, l'importante suggestion que te faisait le Tathâgata, et tu n'as pas supplié le Tathâgata de demeurer. Car si tu l'avais fait, Ananda, deux fois le Tathâgata aurait pu décliner, mais la troisième fois il aurait consenti. En conséquence, Ananda, la faute est tienne; c'est là que tu as failli.
«Donc à Vesali aussi, Ananda, à différentes reprises le Tathâgata t'a parlé, en disant: ‹Agréable, Ananda, est Vesali; agréables sont les sanctuaires de Udena, Gotamaka, Sattambaka, Bahuputta, Sarandada, et Capala. Quiconque, Ananda, a développé… En conséquence le Tathâgata pourrait, s'il le voulait, demeurer durant toute une période-monde ou jusqu'à sa fin.›
«Mais toi, Ananda, tu as été incapable de saisir la perche qu'on te tendait, l'importante suggestion que te faisait le Tathâgata, et tu n'as pas imploré le Tathâgata de demeurer. Car si tu l'avais fait, Ananda, deux fois le Tathâgata aurait pu décliner, mais la troisième fois il aurait consenti. En conséquence, Ananda, la faute est tienne; c'est là que tu as failli.
«Et pourtant, Ananda, n'ai-je pas enseigné dès le tout début qu'avec tout ce qui est cher et bien-aimé, il y un nécessairement changement, séparation et rupture? De ce qui est né, qui est venu à être, qui est un être composé et sujet à flétrissure, comment peut-on dire: ‹Puisse cela ne jamais en venir à dissolution!› Il ne peut y avoir un tel état de choses. Et de cela, Ananda, dont le Tathâgata en a fini, ce qu'il a mis de côté, laissé tomber, abandonné, et rejeté—sa volonté de survivre—la parole du Tathâgata a été prononcée une fois pour toutes: ‹D'ici peu le Parinibbâna du Tathâgata surviendra. Dans trois mois le Tathâgata va complètement disparaître.› Et que le Tathâgata retire sa parole pour continuer à vivre—ceci est une impossibilité.
Dernière admonition
«Donc, Ananda, allons à la salle de la Maison aux Pignons, dans la Grande Forêt.» Et le Vénérable Ananda répliqua: «Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
Alors le Béni du Ciel, avec le Vénérable Ananda, partit à la salle de la Maison aux Pignons, dans la Grande Forêt. Et là il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Va maintenant, Ananda, et rassemble dans la salle d'audience tous les bhikkhus qui demeurent aux environs de Vesali.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et le Vénérable Ananda rassembla tous les bhikkhus qui demeuraient aux environs de Vesali, et les rassembla them dans la salle d'audience. Et alors, en saluant respectueusement le Béni du Ciel, et debout d'un côté, il dit: «La communauté des bhikkhus est rassemblée, Seigneur. Que le Béni du Ciel fasse maintenant à son gré.»
Là-dessus le Béni du Ciel pénétra dans la salle d'audience, et prenant le siège préparé pour lui, il exhorta les bhikkhus, en disant: "Maintenant, ô bhikkhus, je vous dis que ces enseignements dont j'ai une connaissance directe et que je vous ai fait connaître—il faut que vous les appreniez, les cultiviez, les développiez totalement et que vous les pratiquiez fréquemment, que la vie de pureté puisse être établie et durer longtemps, pour le bien-être et le bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice, le bien-être, et le bonheur des dieux et les hommes.
«Et que sont, bhikkhus, ces enseignements? Ce sont les quatre fondations de l'attention, les quatre efforts corrects, les quatre composantes des pouvoirs psychiques, les cinq facultés, les cinq pouvoirs, les sept facteurs de l'éveil, et le Noble Octuple Sentier. Ce sont là, bhikkhus, les enseignements dont j'ai une connaissance directe, que je vous ai fait connaître, et que vous devriez apprendre, cultiver et développer totalement, et pratiquer fréquemment, que la vie de pureté puisse être établie et durer longtemps, pour le bien-être et le bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice, le bien-être, et le bonheur des dieux et les hommes.»
Alors le Béni du Ciel dit aux bhikkhus: «Donc, bhikkhus, je vous y exhorte: Toutes choses composées sont sujettes à la disparition. Efforcez-vous avec sincérité. Le temps du Parinibbâna du Tathâgata est proche. Dans trois mois le Tathâgata va complètement disparaître.»
Et ayant prononcé ces paroles, le Béni du Ciel, le Maître, prit encore une fois la parole, en disant:
«Mes années sont maintenant à pleine maturité, la durée de vie qui me reste est courte.
En partant, je m'éloigne de vous, ne comptant que sur moi-même.
Soyez donc sincères, ô bhikkhus, soyez attentifs et purs en vertu!Avec une ferme résolution, gardez votre propre esprit!
Qui poursuit sans relâche le Dhamma et la Discipline
Ira au-delà de la ronde des naissances et mettra fin à la souffrance.»
Quatrième partie
Le dernier repas
Le Elephant's Look
Alors le Béni du Ciel, se préparant dans l'avant-midi, prit son bol et sa robe et partit pour Vesali pour mendier. Après sa tournée d'aumônes et son repas, à son retour, il regarda Vesali avec le regard de l'éléphant, et dit au Vénérable Ananda: «Ceci, Ananda, est la dernière fois que le Tathâgata regarde Vesali. Allons, Ananda, allons à Bhandagama.»
«Qu'il en soit ainsi, ô seigneur.» Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Bhandagama de même qu'une grande communauté des bhikkhus.
Et le Béni du Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Bhikkhus, c'est par défaut de réalisation, par défaut de pénétration des quatre principes que vous et moi avons subi et sommes entrés dans cette longue course de la naissance et de la mort. Que sont ces quatre? Ce sont la noble vertu; la noble concentration; la noble sagesse; et la noble émancipation. Mais maintenant, bhikkhus, qu'elles ont été réalisées et pénétrées, tranché est le désir insatiable pour l'existence, détruit est ce qui mène au renouvellement du devenir, et il n'y a plus de nouveau devenir.»
Et ayant prononcé ces paroles, le Béni du Ciel, le Maître, prit encore une fois la parole, en disant:
«La vertu, la concentration, la sagesse, et l'émancipation inégalables—
Ce sont là les principes réalisés par Gotama le renommé;
Et, les connaissant, lui, le Bouddha, il a enseigné le Dhamma à ses moines.
Lui, le destructeur de la souffrance, le Maître, le Voyant, est en paix.»
Et à Bhandagama aussi le Béni du Ciel souvent donnait conseil aux bhikkhus ainsi: «Telle et telle est la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle est la sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu'elle est pleinement développée par la concentration; l'esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de l'ignorance..»
Lorsque le Béni du Ciel eut resté à Bhandagama aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable Ananda: «Allons, Ananda, allons à Hatthigama.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Hatthigama de même qu'une grande communauté des bhikkhus.
Et quand le Béni du Ciel eut resté à Hatthigama aussi longtemps qu'il lui avait plu, il prit ses quartiers à Ambagama, et puis à Jambugama. Et à chacun de ces endroits le Béni du Ciel souvent donnait conseil aux bhikkhus ainsi: «Telle et telle est la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle est la sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu'elle est pleinement développée par la concentration; l'esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de l'ignorance..»
Et quand le Béni du Ciel eut resté à Jambugama aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable Ananda: «Allons, Ananda, allons à Bhoganagara.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Bhoganagara de même qu'une grande communauté des bhikkhus, et il demeura dans le sanctuaire d'Ananda.
Les Quatre Grandes Références
Et là le Béni du Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: «Maintenant, bhikkhus, je vais vous faire connaître les quatre grandes références. Ecoutez et soyez attentifs à mes paroles." Et ces bhikkhus répondirent, en disant:
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
Alors le Béni du Ciel dit: «De cette façon, bhikkhus, un bhikkhu pourrait déclarer: ‹Face à face avec le Béni du Ciel, mes frères, j'ai entendu dire et j'ai appris ainsi: Ceci est le Dhamma et la Discipline, ce qu'a dispensé le Maître›; ou: ‹Dans une demeure de tel ou tel nom lives un communauté avec anciens et un chief. Face à face avec cette communauté, j'ai entendu dire et j'ai appris ainsi: Ceci est le Dhamma et la Discipline, ce qu'a dispensé le Maître›; ou: ‹Dans une demeure de tel ou tel nom vivent plusieurs bhikkhus qui sont anciens, qui sont instruits, qui ont accompli leur course, qui sont des protecteurs du Dhamma, de la Discipline, et des Sommaires. Face à face avec ces anciens, j'ai entendu dire et j'ai appris ainsi: Ceci est le Dhamma et la Discipline, ce qu'a dispensé le Maître›; ou: ‹Dans une demeure de tel ou tel nom vit un seul bhikkhu qui est un ancien, qui est instruit, qui a accompli sa course, qui est un protecteur du Dhamma, de la Discipline, et des Sommaires. Face à face avec cet ancien, j'ai entendu dire et j'ai appris ainsi: Ceci est le Dhamma et la Discipline, ce qu'a dispensé le Maître.›
«Dans un tel cas, bhikkhus, la déclaration d'un tel bhikkhu ne doit être reçue ni avec approbation ni avec mépris. Sans approbation et sans mépris, mais en étudiant avec soin les phrases mot à mot, on devrait les chercher dans les Discours et les vérifier par la Discipline. Si on ne peut les retrouver ni dans les Discours ni vérifiables par la Discipline, on devrait conclure ainsi: ‹Certainement, ceci n'est pas une déclaration du Béni du Ciel; cela a été malentendu par ce bhikkhu—ou par cette communauté, ou par ces anciens, ou par cet ancien.› De cette manière, bhikkhus, vous devriez la rejeter. Mais si les phrases concernées peuvent être retracées dans les Discours et vérifiées par la Discipline, alors on devrait conclure ainsi: ‹Certainement, ceci est une déclaration du Béni du Ciel; cela a été bien compris par ce bhikkhu—ou par cette communauté, ou par ces anciens, ou par cet ancien.› Et de cette manière, bhikkhus, vous pouvez l'accepter d'après la première, la seconde, la troisième, ou la quatrième référence. Ce sont là, bhikkhus, les quatre grandes références que vous devrez préserver.»
Et à Bhoganagara aussi, au sanctuaire d'Ananda, le Béni du Ciel souvent donnait conseil aux bhikkhus ainsi: "Telle et telle est la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle est la sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu'elle est pleinement développée par la concentration; l'esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de l'ignorance..»
Lorsque le Béni du Ciel eut resté à Bhoganagara aussi longtemps qu'il lui avait plu, il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Allons, Ananda, allons à Pava.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Pava de même qu'une grande communauté de bhikkhus, et il demeura dans le Bosquet de Manguiers de Cunda, qui était de par sa famille un travailleur des métaux.
Le dernier repas du Bouddha
Et Cunda le métallier vint à savoir: «Le Béni du Ciel, dit-on, est arrivé à Pava, et demeure dans mon bosquet de manguiers.» Et il alla trouver le Béni du Ciel, et l'ayant salué respectueusement, s'assit d'un côté. Et le Béni du Ciel instruisit Cunda le métallier dans le Dhamma, et le stimula, l'édifia, et le réjouit.
Alors Cunda s'adressa au Béni du Ciel, en disant: "Puisse le Béni du Ciel, ô seigneur, avoir la bonté d'accepter mon invitation pour le repas de demain, ensemble avec la communauté des bhikkhus.» Et par son silence le Béni du Ciel consentit.
Assuré, alors, du consentement du Béni du Ciel, Cunda le métallier se leva de son siège, salua respectueusement le Béni du Ciel, et tenant son côté droit envers lui, prit congé.
Et Cunda le métallier, dès que la nuit fut passée, fit préparer des mets de choix, durs et tendres, dans sa demeure, de même qu'une quantité de sukara-maddava, et l'annonça au Béni du Ciel, en disant: «Il est temps, ô seigneur, le repas est prêt.»
Là-dessus le Béni du Ciel, dans l'avant-midi, s'étant préparé, prit son bol et sa robe et partit avec la communauté des bhikkhus pour la maison de Cunda, et là s'assit sur le siège préparé pour lui. Et il s'adressa à Cunda, en disant: «Les sukara-maddava que tu as préparés, Cunda, tu peux me les servir; le reste des mets, durs et tendres, tu peux les servir à la communauté des bhikkhus.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et les sukara-maddava préparés par lui, il les servit au Béni du Ciel; et les autres mets, durs et tendres, il les servit à la communauté des bhikkhus.
Après cela le Béni du Ciel s'adressa à Cunda, en disant: «Quoi qu'il reste, Cunda, des sukara-maddava, enterre-le dans un trou. Car je ne vois pas dans tous ce monde, avec ses dieux, Maras, et Brahmas, parmi la foule des ascètes et des brahmanes, des dieux et des hommes, quiconque qu'on pourrait les manger et les digérer entièrement à l'exception du seul Tathâgata.»
Et Cunda le métallier répondit le Béni du Ciel en disant: «Qu'il en soit ainsi, ô seigneur.» Et ce qui restait des sukara-maddava il l'enterra dans un trou.
Alors il revint au Béni du Ciel, le salua respectueusement, et s'assit d'un côté. Et le Béni du Ciel instruisit Cunda le métallier dans le Dhamma, et le stimula, l'édifia, et le réjouit. Après ceci il se leva de son siège et partit.
Et peu après que le Béni du Ciel eût mangé le repas fourni par Cunda le métallier, une horrible maladie tomba sur lui, probablement la dysenterie, et il souffrit des douleurs aiguës et mortelles. Mais le Béni du Ciel les supporta avec attention, en état de comprendre clairement et imperturbable.
Alors le Béni du Ciel s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Allons, Ananda, allons à Kusinara.» Et le Vénérable Ananda répondit: «Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
Lorsqu'il avaient mangé la nourriture de Cunda, ai-je entendu,
Avec force morale les mortelles douleurs il supporta.
A cause des sukara-maddava une atroce
Et épouvantable maladie vint au Seigneur.
Mais les tourments de la nature il endura. «Allons, partons
Pour Kusinara,» fut son indomptable parole.
L'éclaircissement des eaux
Or, en chemin le Béni du Ciel s'écarta de la route et s'arrêta au pied d'un arbre. Et il dit au Vénérable Ananda: «Je t'en prie, plie ma robe supérieure en quatre, Ananda, et pose la par terre. Je suis fatigué et je veux me reposer un peu.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et le Vénérable Ananda plia la robe en quatre et l'étendit par terre.
Et le Béni du Ciel s'assit sur le siège préparé pour lui et dit au Vénérable Ananda: «Je t'en prie, apporte-moi de l'eau, Ananda. J'ai soif et je voudrais boire.»
Et le Vénérable Ananda répondit au Béni du Ciel: «Mais juste à l'instant, Seigneur, un grand nombre de chariots, peut-être même cinq cent chariots, sont passés, et la profondeur de l'eau a été traversée par les roues, de sorte qu'elle est maintenant trouble et boueuse. Mais la Kakuttha, Seigneur, est assez près, et ses eaux sont claires, agréables, fraîches, et translucides. On peut facilement s'en approcher et elle est délicieusement située. Là le Béni du Ciel pourra étancher sa soif et rafraîchir ses membres.»
Mais une seconde fois le Béni du Ciel fit sa requête, et le Vénérable Ananda lui répondit comme devant. Et alors pour une troisième fois le Béni du Ciel dit: «Je t'en prie, apporte-moi de l'eau, Ananda. J'ai soif et je veux boire.»
Alors le Vénérable Ananda répondit, en disant: «Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et il prit son bol et alla au cours d'eau. Et la profondeur de l'eau, qui avait été traversée par les roues de sorte qu'elle coulait trouble et boueuse, était devenue claire et avait décanté, pure et agréable alors que s'approchait le Vénérable Ananda.
Alors le Vénérable Ananda se dit: «Merveilleux et bien extraordinaires sont effectivement le pouvoir et la gloire du Tathâgata!»
Et il prit de l'eau dans son bol et la rapporta au Béni du Ciel, et dit: «Merveilleux et bien extraordinaires sont effectivement le pouvoir et la gloire du Tathâgata! Car cette profondeur de l'eau, qui avait été traversée par les roues de sorte qu'elle coulait trouble et boueuse, était devenue claire et avait décanté, pure et agréable, alors que je m'en approchais. Maintenant que le Béni du Ciel boive de l'eau. Que le Béni du Ciel boive.» Et le Béni du Ciel but de l'eau.
Pukkusa le Malla
Il se produisit alors qu'un Pukkusa du clan des Mallas, qui était un disciple d'Alara Kalama, passait par là, de Kusinara à Pava.
Et quand il vit le Béni du Ciel assis au pied d'un arbre, il s'approcha de lui, le salua respectueusement, et s'assit d'un côté. Et il s'adressa au Béni du Ciel, en disant: «Il est merveilleux, Seigneur, il est bien extraordinaire, ô seigneur, l'état de calme dans lequel demeurent ceux qui ont quitté le monde.
«Car une fois, Seigneur, Alara Kalama était en voyage, et il s'écarta de la route et s'assit au bord de la route au pied d'un arbre pour laisser passer la chaleur de la journée. Et il se produisit, Seigneur, qu'un grand nombre de chariots, peut-être même cinq cent chariots, passa près de lui, un par un. Et alors, Seigneur, un certain homme qui suivait derrière ce train de chariots, s'approcha et s'adressa à lui, en disant: ‹Avez-vous vu, monsieur, un grand nombre de chariots passer près de vous?› Et Alara Kalama lui répondit: ‹Je ne les ai pas vu, mon frère.› ‹Mais le bruit, monsieur, sûrement vous l'avez entendu?› ‹Je ne l'ai pas entendu, mon frère.› Alors cet homme lui demanda: ‹Alors, monsieur, peut-être dormiez vous?› ‹Non, mon frère, je ne dormais pas.› ‹Alors, monsieur, étiez vous conscient?› ‹Je l'étais, mon frère.› Alors cet homme dit: ‹Alors, monsieur, tout en étant conscient et éveillé vous n'avez pourtant pas vu le grand nombre de chariots, peut-être même cinq cent chariots, passer près de vous un après l'autre, ni entendu le bruit? Pourtant, monsieur, votre robe elle-même est recouverte de leur poussière!› Et Alara Kalama répliqua, en disant: ‹Ainsi en est-il, mon frère.›
«Et à cet homme, ô seigneur, vint l'idée: ‹Il est merveilleux, Seigneur, il est bien extraordinaire, effectivement, l'état de calme dans lequel demeurent ceux qui ont quitté le monde!› Et là surgit en lui une grande foi en Alara Kalama, et il reprit sa route.»
«Alors qu'en penses-tu, Pukkusa? Qu'est-ce qui est le plus difficile à faire, le plus difficile à trouver—qu'un homme, cependant que conscient et éveillé, puisse ne pas voir un grand nombre de chariots, peut-être même cinq cent chariots, qui ont passé près de lui un après l'autre, ni n'entendre le bruit, ou qu'un autre, conscient et éveillé, au milieu d'une forte pluie, avec le tonnerre qui gronde, les éclairs qui éclatent, et la foudre qui tombe, puisse ni ne voir ni n'entendre le bruit?»
«Que sont, ô seigneur, cinq cent chariots—que dis-je, six, sept, huit, neuf cent, ou mille, voire des centaines de milliers de chariots—comparé à ceci?»
«Or une fois, Pukkusa, je demeurais à Atuma, et j'avais là ma demeure dans une grange. Et en ce temps-là il y eut une forte pluie, avec le tonnerre qui grondait, les éclairs qui éclataient, et la foudre qui tombait. Et deux fermiers qui étaient frères furent tués près de la grange, de même que quatre boeufs, et une grande foule sortit d'Atuma [pour voir] l'endroit où ils furent tués.
«Or en ce temps-là, Pukkusa, j'étais sorti de la grange et j'allais et venais pensif devant la porte. Et un certain homme de la grande foule s'approcha de moi, me salua respectueusement, et se tint d'un côté.
«Et je lui demandai: ‹Pourquoi, mon frère, cette grande foule s'est-elle assemblée?› Et il me répondit: ‹Juste à l'instant, Seigneur, il y a eu une forte pluie, avec le tonnerre qui gronde, les éclairs qui éclatent, et la foudre qui tombe. Et deux fermiers qui étaient frères ont été tués tout près de là, de même que quatre boeufs. C'est à cause de cela que cette grande foule s'est assemblée. Mais vous, Seigneur, où étiez vous?›
«‹J'étais ici, mon frère.› ‹Et pourtant, Seigneur, ne l'avez-vous point vu?› ‹Je ne l'ai pas vu, mon frère.› ‹Mais le bruit, Seigneur, vous l'avez sûrement entendu?› ‹Je ne l'ai pas entendu, mon frère.› Alors cet homme me demanda: ‹Alors, Seigneur, peut-être dormiez vous?› ‹Non, mon frère, je ne dormais pas.› ‹Alors, Seigneur, vous étiez conscient?› ‹Je l'étais, mon frère.› Alors cet homme dit: ‹Alors, Seigneur, cependant que conscient et éveillé, au milieu d'une forte pluie, avec le tonnerre qui gronde, les éclairs qui éclatent, et la foudre qui tombe, vous n'avez ni vu ni entendu le bruit?› Et je lui ai répondu, en disant: ‹Non, mon frère.›
«Et à cet homme, Pukkusa, vint l'idée: ‹Il est merveilleux, Seigneur, il est bien extraordinaire, effectivement, l'état de calme dans lequel demeurent ceux qui ont quitté le monde!› Et là surgit en lui une grande foi en liu, et il me salua respectueusement, et tenant son côté droit envers moi, il reprit sa route.»
Lorsque ceci eut été dit, Pukkusa du clan des Mallas dit au Béni du Ciel: «La foi, Seigneur, que j'avais en Alara Kalama je la disperse maintenant au vent puissant, je la laisse se faire emporter comme par un courant d'eau! Excellent, ô seigneur, très excellent, ô seigneur! C'est tout comme si, Seigneur, on avait redressé ce qui avait été renversé, ou qu'on révélait ce qui avait été caché, ou qu'on montrait le chemin à qui s'était égaré, ou qu'on allumait une lampe dans l'obscurité de sorte que ceux qui ont des yeux puissent voir—même ainsi le Béni du Ciel a prononcé le Dhamma de plusieurs façons. Et c'est pourquoi, ô seigneur, je prend refuge dans le Béni du Ciel, le Dhamma, et la Communauté de Bhikkhus. Puisse le Béni du Ciel m'accepter pour son disciple, un qui a pris refuge jusqu'à la fin de sa vie.»
Alors Pukkusa du clan des Mallas s'adressa à un certain homme, en disant: «Apporte moi tout de suite, ami, deux ensembles de robes aux reflets dorés, polies et prêtes à porter.» Et l'homme lui répondit: «Qu'il en soit ainsi, monsieur.»
Et quand les robes furent apportées, Pukkusa du clan des Mallas les offrit au Béni du Ciel, en disant: «Puisse le Béni du Ciel, ô seigneur, par compassion, accepter ceci de ma part.» Et le Béni du Ciel dit: «Habille-moi donc avec l'une, Pukkusa, et avec l'autre, habille Ananda.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et là-dessus, il habilla le Béni du Ciel avec une, et avec l'autre, il habilla le Vénérable Ananda.
Et alors le Béni du Ciel instruisit Pukkusa du clan des Mallas dans le Dhamma, et le stimula, l'édifia, et le réjouit. Et après cela, Pukkusa se leva de son siège, salua respectueusement le Béni du Ciel, et tenant son côté droit envers lui, reprit sa route.
Et peu après que Pukkusa du clan des Mallas soit parti, le Vénérable Ananda arrangea l'ensemble de robes aux reflets dorés, polies et prêtes à porter, sur le corps du Béni du Ciel. Mais quand l'ensemble de robes eut été arrangé sur le corps du Béni du Ciel, it était devenu comme fané, et sa splendeur avait pâli.
Et le Vénérable Ananda dit au Béni du Ciel: « C'est merveilleux, Seigneur, c'est bien extraordinaire, effectivement, comme la peau du Tathâgata semble claire et radieuse! Cet ensemble de robes aux reflets dorés, polies et prêtes à porter, Seigneur, maintenant qu'il est disposé sur le corps du Béni du Ciel semble s'être fané, sa splendeur pâlie.»
«C'est vrai, Ananda. Il y a deux occasions, Ananda, quand la peau du Tathâgata semble excessivement claire et radieuse. Que sont ces deux? La nuit, Ananda, où le Tathâgata devient pleinement éveillé dans l'Eveil suprême et insurpassé, et la nuit où le Tathâgata arrive à son décès final dans l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement. Et telles, Ananda, sont les deux occasions où la peau du Tathâgata semble excessivement claire et radieuse.
«Et aujourd'hui maintenant, au cours de la dernière veille de cette nuit-même, Ananda, dans le Bosquet de Salas des Mallas, aux environs de Kusinara, entre deux arbres sala, le Tathâgata vont arriver à son Parinibbâna. Donc, Ananda, allons maintenant à la rivière Kakuttha.»
Vêtu du cadeau de Pukkusa, les robes d'or,
La forme du Maître était radieuse à voir.
A la rivière Kakuttha
Alors le Béni du Ciel partit pour la rivière Kakuttha de même qu'une grande communauté de bhikkhus.
Et il descendit dans l'eau et se baigna et but. Et sortant de l'eau encore une fois, il partit pour le Bosquet des Manguiers, et là s'adressa au Vénérable Cundaka, en disant: «Je t'en prie, plie ma robe supérieure en quatre, Cundaka, et étend-la par terre. Je suis fatigué et voudrais me reposer un peu.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et Cundaka plia la robe en quatre et l'étendit par terre.
Et le Béni du Ciel s'étendit sur son côté droit, dans la posture du lion, un pied posé sur l'autre, et ainsi se disposa lui-même, attentif et en état de comprendre clairement, avec le moment pour se lever à l'esprit. Et le Vénérable Cundaka s'assit juste devant le Béni du Ciel.
Le Bouddha à la rivière Kakuttha vint,
Où frais et limpide coule l'agréable courant;
Là lava dans l'eau clair sa carcasse fatiguée
Le Bouddha—lui, dans tous les mondes suprême!
Et s'étant baigné et ayant bu, l'Enseignant tout droit
Traversa, les bhikkhus se pressant dans son sillage.Discourant de saintes vérités, le Maître grand
Du Bosquet des Manguiers prit le chemin.
Là à l'ancien Cundaka il s'adressa:
"Etend ma robe, je t'en prie, pliée en quatre."
Alors l'ancien, vif comme l'éclair,
A la requête de l'Enseignant se hâta d'obéir.
Fatigué, le Seigneur s'étendit alors sur la natte,
Et Cundaka sur le sol devant lui s'assit.
Il soulage les remords de Cunda
Alors le Béni du Ciel s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Il pourrait arriver, Ananda, que quelqu'un veuille causer du remords à Cunda le métallier, en disant: ‹Ce n'est pas un gain pour toi, ami Cunda, mais une perte, que que ce soit de toi que le Tathâgata ait pris son dernier repas d'aumônes, et qu'ensuite il ait trouvé sa fin.› Alors, Ananda, le remords de Cunda devrait être dissipé de la manière qui suit: ‹C'est un gain pour toi, ami Cunda, c'est une bénédiction que le Tathâgata ait pris son dernier repas d'aumônes de toi, et qu'ensuite il ait trouvé sa fin. Car, ami, face à face avec le Béni du Ciel, je l'ai entendu dire et j'ai appris: «Il y a deux offrandes de nourriture ce qui sont de pareil fruit, de résultat égal, excédant en grandeur le fruit et le résultat de toute autre offrande de nourriture. Quels deux? Celui qu'a partagé le Tathâgata avant de passer dans l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement. Par cet acte, le valeureux Cunda a accumulé un mérite qui compte pour une longue vie, la beauté, le bien-être, la gloire, une renaissance céleste, et souveraineté."› C'est ainsi, Ananda, que le remords de Cunda le métallier devrait être dissipé.»
Alors le Béni du Ciel, comprenant le problème, proféra cette déclaration solennelle:
«Celui qui donne, ses vertus augmentera;
Qui est bien dressé, aucune haine ne porte;
Quiconque est habile en vertu, le mal rejette,
Et par l'éradication de la luxure et de la haine
Et de toute illusion, vient à être en paix.»
Cinquième partie
A Kusinara
Dernier lieu de repos
Alors le Béni du Ciel s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Allons, Ananda, traversons de l'autre côté de la Hiraññavati, et allons au Bosquet de Salas des Mallas, aux environs de Kusinara.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
Et le Béni du Ciel, de même qu'une grande compagnie de bhikkhus, partit de l'autre côté de la Hiraññavati, au Bosquet de Salas des Mallas, aux environs de Kusinara. Et là il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant:
«Je t'en prie,, Ananda, prépare moi une couche entre entre les arbres sala jumeaux, avec la tête au nord. Je suis fatigué, Ananda, et je veux m'étendre.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et le Vénérable Ananda fit comme le Béni du Ciel lui demandait de faire.
Alors le Béni du Ciel s'étendit sur son côté droit, dans la posture du lion, un pied posé sur l'autre, et ainsi disposé lui-même, attentif et en état de comprendre clairement.
A ce moment, les arbres sala jumeaux se mirent à fleurir, quoique ce ne fut pas la saison de leur floraison. Et les fleurs plurent sur le corps du Tathâgata et tombèrent et s'éparpillèrent et furent étalées sur lui en vénération pour le Tathâgata. Et des fleurs de mandarava célestes et de la poudre céleste de bois de santal tombèrent du ciel sur le corps du Tathâgata, et tombèrent et s'éparpillèrent et furent étalées sur lui en vénération pour le Tathâgata. Et le son de voix célestes et d'instruments célestes fit de la musique dans l'air par révérence pour le Tathâgata.
Et le Béni du Ciel s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Ananda, les arbres sala jumeaux sont en pleine fleur, quoique ce ne soit pas la saison de leur floraison. Et les fleurs pleuvent sur le corps du Tathâgata et tombent et s'éparpillent et sont étalées sur lui en vénération pour le Tathâgata. Et des fleurs de corail célestes et de la poudre céleste de bois de santal pleuvent du ciel sur le corps du Tathâgata, et tombent et s'éparpillent et sont étalées sur lui en vénération pour le Tathâgata. Et le son de voix célestes et instruments célestes fait de la musique dans l'air par révérence pour le Tathâgata.
«Et pourtant ce n'est pas ainsi, Ananda, que le Tathâgata est respecté, vénéré, estimé, adoré, et honoré au plus haut degré. Mais, Ananda, quel que soit le bhikkhu ou la bhikkhuni, le laïc ou la laïque, qui demeure par le Dhamma, vit droitement dans le Dhamma, marche dans la voie du Dhamma, c'est par une telle personne que le Tathâgata est respecté, vénéré, estimé, adoré, et honoré au plus haut degré. En conséquence, Ananda, c'est ainsi que vous devriez vous entraîner: ‹Nous demeurerons dans le Dhamma, vivrons droitement dans le Dhamma, marcherons dans la voie du Dhamma.›»
Le chagrin des dieux
A ce moment the Vénérable Upavana se tenait devant le Béni du Ciel, en train de l'éventer. Et le Béni du Ciel le réprimanda, en disant: «Mets-toi de côté, bhikkhu, ne te tiens pas devant moi.»
Et au Vénérable Ananda vint la pensée: «Ce Vénérable Upavana est au service du Béni du Ciel depuis longtemps, associé de près avec lui et le servant. Et pourtant maintenant, tout à la fin, le Béni du Ciel le réprimande. Quelle pourrait donc être la raison, que pourrait-être la cause de ce que le Béni du Ciel réprimande le Vénérable Upavana, en disant: ‹Mets-toi de côté, bhikkhu, ne te tiens pas devant moi›?»
Et le Vénérable Ananda dit sa pensée au Béni du Ciel. Le Béni du Ciel dit: «A travers le décuple système cosmique, Ananda, il n'y a presqu'aucun des devas qui ne soit venu se rassembler pour voir le Tathâgata. Car sur douze yojanas de distance tout autour du Bosquet de Salas des Mallas aux environs de Kusinara il n'y a pas un seul endroit qu'on pourrait piquer avec le bout d'un cheveu qui ne soit rempli de puissants devas. Et ces devas, Ananda, se plaignent: ‹De loin sommes nous venus pour voir le Tathâgata. Car rare dans le monde est l'apparition de Tathagatas, d'Arahats, de Pleinement Eveillés. Et en ce jour, au cours de la dernière veille de la nuit, le Parinibbâna du Tathâgata surviendra. Mais ce bhikkhu de grand pouvoirs s'est placé juste en face du Béni du Ciel, le cachant, de sorte que maintenant, à la toute fin, sommes empêchés du regarder.› Ainsi, Ananda, se plaignent les devas.»
«De quelles sortes de devas, Seigneur, le Béni du Ciel est-il conscient?»
«Il y a des devas, Ananda, dans l'espace et sur terre, qui ont une mentalité terrienne; échevelés ils pleurent, les bras au ciel ils pleurent; se jetant par terre, ils se roulent d'un côté à l'autre, en geignant: ‹Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Trop tôt va disparaître l'Oeil du Monde, hors de vue!›
«Mais ceux des devas qui sont libérés de passion, attentifs et comprenant, réfléchissent de cette façon: ‹Impermanentes sont toutes choses composées. Comment pourrait-il en être autrement?›»
La préoccupation d'Ananda
«Auparavant, Seigneur, en quittant leurs quartiers après les pluies, les bhikkhus demandaient à voir le Tathâgata, et nous avions le gain et le bénéfice de recevoir et de nous associer avec ces très révérends bhikkhus qui venaient demander audience au Béni du Ciel et venaient le servir. Mais, Seigneur, après le départ du Béni du Ciel, nous n'aurons plus have ce gain et ce bénéfice.»
Quatre lieux de pélerinage
«Il y a quatre endroits, Ananda, qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence. Que sont ces quatre?
«‹Ici est né le Tathâgata!› Ceci, Ananda, est un lieu qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence.
«‹Ici le Tathâgata s'est pleinement éveillé dans l'Eveil suprême et insurpassé!› Ceci, Ananda, est un lieu qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence.
«‹Ici le Tathâgata a mis en route la Roue du Dhamma sans pareille!› Ceci, Ananda, est un lieu qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence.
«‹Ici le Tathâgata est passé dans l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement!› Ceci, Ananda, est un lieu qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence.
«Ce sont là, Ananda, les quatre endroits qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence. Et en vérité, viendront à ces endroits, Ananda, de pieux bhikkhus et bhikkhunis, laïcs et laïques, en se disant que: ‹Ici est né le Tathâgata! Ici le Tathâgata s'est pleinement éveillé dans l'Eveil suprême et insurpassé! Ici le Tathâgata a mis en route la Roue du Dhamma sans pareille ! Ici le Tathâgata est passé dans l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement !›
«Et quiconque, Ananda, devrait mourir en un tel pélerinage avec son coeur établi dans la foi, à la dissolution du corps, après la mort, renaîtra dans un domaine de bonheur céleste.»
Alors le Vénérable Ananda dit au Béni du Ciel: «Comment, Seigneur, devrions-nous nous comporter envers les femmes?»
«Ne les voyez pas, Ananda.»
«Mais, Seigneur, si nous les voyions?»
«Ne leur parle pas, Ananda.»
«Mais, Seigneur, si elles devaient nous parler?»
«Alors, Ananda, il vous faudra établir l'attention.»
Alors le Vénérable Ananda dit: «Comment devrions-nous agir, Seigneur, pour respecter le corps du Tathâgata?»
«Ne vous embarassez pas, Ananda, à honorer le corps du Tathâgata. Au contraire, efforcez-vous, Ananda, et soyez zélés pour vous mêmes, pour votre propre bien. Sans flancher, ardemment, et résolument appliquez-vous à votre propre bien. Car il y a, Ananda, de sages nobles, de sages brahmanes, et de sages maîtres de maison qui sont dévoués au Tathâgata, et ce sont eux qui vont rendre les honneurs au corps du Tathâgata.»
Alors le Vénérable Ananda dit: «Mais comment, Seigneur, devraient-ils agir pour respecter le corps du Tathâgata?»
«De la même manière, Ananda, que pour le corps d'un monarque universel.»
«Mais comment, Seigneur, font-ils pour respecter le corps d'un monarque universel?»
«Le corps d'un monarque universel, Ananda, est d'abord enveloppé dans du lin neuf, et ensuite dans du coton peigné, et ce à concurrence de cinq cent couches de lin et cinq cent de coton. Lorsque c'est fait, le corps du monarque universel est placé dans un récipient à huile en fer, qui est enclos dans un autre récipient en fer, on construit un bucher funéraire de toutes sortes de bois aromatiques, et on brûle ainsi le corps du monarque universel; et à un carrefour on élève un stupa pour le monarque universel. C'est ainsi qu'on fait, Ananda, avec le corps d'un monarque universel. Et donc, Ananda, ainsi qu'il est fait avec le corps d'un monarque universel, ainsi doit-on faire avec le corps du Tathâgata; et à un carrefour également devrait-on élever un stupa pour le Tathâgata. Et quiconque apportera à cet endroit des guirlandes ou de l'encens ou de la pâte de bois de santal, ou fera des révérences, et dont l'esprit deviendra calm à cet endroit—ce sera pour son bien-être et son bonheur pour longtemps.
«Il y a quatre personnes, Ananda, qui sont dignes d'un stupa. Qui sont ces quatre? Un Tathâgata, un Arahat, un Etre pleinement éveillé sont dignes d'un stupa; l'est également un Paccekabuddha, et un disciple d'un Tathâgata, ainsi qu'un monarque universel.
«Et pourquoi, Ananda, un Tathâgata, un Arahat, un Etre Pleinement Eveillé sont-ils dignes d'un stupa? C'est parce que, Ananda, à la pensée: ‹Ceci est le stupa de ce Béni du Ciel, de cet Arahat, de cet Etre Pleinement Eveillé!› les coeurs de nombreuses personnes vont être calmés et rendus heureux; et ainsi calmés et avec leurs esprits ainsi établis dans la foi, à la dissolution du corps, après la mort, ils vont renaître dans un domaine de bonheur céleste. Et de même aussi à la pensée: ‹Ceci est le stupa de ce Paccekabuddha!› ou ‹Ceci est le stupa d'un disciple de ce Tathâgata, Arahat, Etre Pleinement Eveillé!› ou ‹Ceci est le stupa de ce juste monarque qui régna selon le Dhamma!›—les coeurs de nombreuses personnes seront calmés et rendus heureux; et ainsi calmés et avec leurs esprits ainsi établis dans la foi, à la dissolution du corps, après la mort, ils vont renaître dans un domaine de bonheur céleste. Et c'est à cause de cela, Ananda, que ces quatre personnes sont dignes d'un stupa.»
Le chagrin d'Ananda
Alors le Vénérable Ananda partit dans le vihara et s'appuya contre l'encadrement de la porte et pleura: «Je ne suis encore qu'un apprenti, et je dois encore m'efforcer pour ma propre perfection. Mais, hélas, mon Maître, qui était si compatissant envers moi, est sur le point de décéder!»
Et le Béni du Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Où, bhikkhus, est Ananda?»
«Le Vénérable Ananda, Seigneur, est allé dans the vihara et il est là, appuyé contre l'encadrement de la porte à pleurer: ‹Je ne suis encore qu'un apprenti, et je dois encore m'efforcer pour ma propre perfection. Mais, hélas, mon Maître, qui était si compatissant envers moi, est sur le point de décéder!›»
Alors le Béni du Ciel demanda à un certain bhikkhu à lui amener le Vénérable Ananda, en disant: «Va, bhikkhu, et dis à Ananda, ‹Ami Ananda, le Maître t'appelle.›»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et ce bhikkhu partit et s'adressa au Vénérable Ananda comme le Béni du Ciel le lui avait demandé. Et le Vénérable Ananda alla trouver le Béni du Ciel, s'inclina vers lui, et s'assit d'un côté.
Alors le Béni du Ciel s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Cela suffit, Ananda! Ne te chagrine pas, ne te plains pas! Car n'ai-je pas enseigné dès le tout début qu'avec tout ce qui est cher et bien-aimé, il y un nécessairement changement, séparation et rupture? De ce qui est né, qui est venu à être, a été composé, et qui est sujet à flétrissure, comment peut-on dire: ‹Puisse cela ne jamais en venir à dissolution!›? Il ne peut y avoir un tel état de choses. Or depuis longtemps, Ananda, tu as servi le Tathâgata avec amour et bonté en actes, en paroles et en pensées, gracieusement, gentiment, de tout ton coeur et sans mesure. Un grand bien tu as rassemblé, Ananda! Maintenant, il te faut faire preuve d'énergie, et bientôt, toi aussi tu seras livre de pollutions.»
Louange d'Ananda
Alors le Béni du Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: «Bhikkhus, les Bénis du Ciel, les Arahats, les Pleinement Eveillés des temps passés avaient eux aussi d'excellents et dévoués bhikkhus à leur service, comme c'est mon cas avec Ananda. Et il en ira de même, bhikkhus, des Bénis du Ciel, des Arahats, des Pleinement Eveillés des temps à venir.
«Capable et judicieux est Ananda, bhikkhus, car il sait quel est le bon moment pour les audiences des bhikkhus avec le Tathâgata, et le bon moment pour les bhikkhunis, le bon moment pour les laïcs et les laïques; le bon moment pour les rois et les ministres d'état; le bon moment pour les enseignants d'autres écoles et leurs disciples.
«Chez Ananda, bhikkhus, on trouve quatre qualités rares et superlatives. Que sont ces quatre? Si, bhikkhus, une compagnie de bhikkhus va trouver Ananda, ils se réjouissent au voir; et s'il leur parle ensuite du Dhamma, ils sont réjouis par ses propos; et quand il se tait, ils sont déçus. Donc il en va de même quand bhikkhunis, laïcs, ou laïques vont trouver Ananda: ils se réjouissent au voir; et s'il leur parle ensuite du Dhamma, ils sont réjouis par ses propos; et quand il se tait, ils sont déçus.
«Chez un monarque universel, bhikkhus, on trouve quatre qualités rares et superlatives. Que sont ces quatre? Si, bhikkhus, une compagnie de nobles va trouver le monarque universel, ils se réjouissent au voir; et si ensuite il parle, ils sont réjouis par son discours; et quand il se tait, ils sont déçus. Donc il en va de même quand une compagnie de brahmanes, de maîtres de maison, ou d'ascètes va voir un monarque universel.
«Et exactement de la même manière, bhikkhus, chez Ananda on trouve ces quatre rares et superlatives qualités.»
La gloire passée de Kusinara
Lorsque ceci eut été dit, le Vénérable Ananda s'adressa au Béni du Ciel, en disant: «Ne permettez pas, Seigneur, que le Béni du Ciel décède dans ce méchant endroit, cette bourgade du milieu de la jungle, loin de la civilisation, simple poste avancé de province. Il y a de grandes cités, Seigneur, comme Campa, Rajagaha, Savatthi, Saketa, Kosambi, et Bénarès—que le Béni du Ciel ait son décès final dans une d'elles. Car dans ces cités habitent de nombreux riches nobles, brahmanes et maîtres de maison qui sont dévots du Tathâgata, et ils rendront les honneurs qu'ils méritent aux reliques du Tathâgata.»
«Ne dis pas ça, Ananda! Ne dis pas: ‹Ce méchant endroit, cette bourgade du milieu de la jungle, loin de la civilisation, simple poste avancé de province.› Il y a longtemps, Ananda, il y eut un roi du nom de Maha Sudassana, qui était un monarque universel, un roi de justice, un conquérant des quatre quartiers de la terre, dont le domaine était établi dans la sécurité, et qui était doté des sept joyaux. Et ce roi Maha Sudassana, Ananda, avait sa résidence royale ici à Kusinara, qui s'appelait alors Kusavati, et elle s'étendait sur douze yojanas de l'est à l'ouest, et sur sept du nord au sud.
«Et puissante, Ananda, était Kusavati, la capitale, prospère et bien peuplée, très fréquentée par les gens, et abondamment fournie en nourriture. Tout comme la résidence royale des devas, Alakamanda, est puissante, prospère, et bien peuplée, largement fréquentée par les devas et abondamment fournie en nourriture, ainsi était la capitale royale de Kusavati.
«Kusavati, Ananda, résonnait sans cesse jour et nuit de dix sons—le barrissement des éléphants, le hennissement des chevaux, le grondement des chariots, les battements des tambours et des timbales, de la musique et des chants, des acclamations, des battements de mains, et des cris de ‹Mangez, buvez, et soyez gais!›
Lamentations des Mallas
«Va maintenant, Ananda, à Kusinara et annonce aux Mallas: ‹Aujourd'hui, Vasetthas, au cours de la dernière veille de la nuit, le Parinibbâna du Tathâgata va avoir lieu. Approchez-vous, O Vasetthas, venez tout près! Ne faites pas en sorte d'avoir plus tard des remords à la pensée: "C'est dans notre bourgade qu'a eu lieu le Parinibbâna du Tathâgata, mais nous n'avons pas été le voir à la fin!"›»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.» Et le Vénérable Ananda se prépara, et prenant son bol et sa robe, partit avec un compagnon à Kusinara.
Or en ce temps-là les Mallas s'étaient rassemblés dans la salle du conseil pour quelque affaire publique. Et le Vénérable Ananda s'approcha d'eux et annonça: «Aujourd'hui, Vasetthas, au cours de la dernière veille de la nuit, le Parinibbâna du Tathâgata va avoir lieu. Approchez-vous, Vasetthas, venez tout près! Ne faites pas en sorte d'avoir plus tard des remords à la pensée: ‹C'est dans notre bourgade qu'a eu lieu le Parinibbâna du Tathâgata, mais nous n'avons pas été le voir à la fin.›»
Quand ils entendirent le Vénérable Ananda prononcer ces paroles, les Mallas avec leurs fils, leurs femmes, et les épouses de leurs fils, furent profondément touchés, touchés jusqu'au coeur et affligés; et certains, avec leurs cheveux tout ébouriffés, les bras levés au ciel de désespoir, pleurèrent; se jetant par terre, ils se roulaient d'un côté à l'autre, en geignant: «Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! L'Oeil du Monde va trop tôt disparaître»
Et ainsi affligés et remplis de chagrin, les Mallas, avec leurs fils, leurs épouses, et les épouses de leurs fils, partirent pour le Bosquet de Salas, le parc de détente des Mallas, à l'endroit où le Vénérable Ananda se trouvait.
Et la pensée vint au Vénérable Ananda: "Si je dois laisser les Mallas de Kusinara faire des révérences au Béni du Ciel un par un, la nuit aura laissé place à l'aube avant qu'ils se soient tous présentés à lui. En conséquence je vais les répartir par clans, chaque famille dans un groupe, et les présenter ainsi au Béni du Ciel: ‹Le Malla de tel ou tel nom, Seigneur, avec ses épouses et enfants, ses serviteurs et ses amis, rend hommage aux pieds du Béni du Ciel.›»
Et le Vénérable Ananda répartit les Mallas par clans, chaque famille dans un groupe, et les présenta au Béni du Ciel. C'est ainsi que le Vénérable Ananda fit que les Mallas de Kusinara fussent présentés au Béni du Ciel par clans, chaque famille dans un groupe, jusqu'au cours de la première veille de la nuit.
Le dernier converti
Or en ce temps-là un ascète errant nommé Subhadda habitait à Kusinara. Et Subhadda l'ascète errant entendit dire: «Aujourd'hui dans la troisième veille de la nuit, le Parinibbâna de l'ascète Gotama va avoir lieu.»
Et la pensée surgit en lui: «Je l'ai entendu dire par de vieux et vénérables ascètes errants, maîtres d'enseignants, que l'apparition de Tathagatas, d'Arahats, Pleinement Eveillés, est rare dans le monde. Et pourtant en ce jour même, au cours de la dernière veille de la nuit, le Parinibbâna de l'ascète Gotama va avoir lieu. Or il me vient là un doute; mais j'ai tellement foi en l'ascète Gotama, qu'il pourrait m'enseigner le Dhamma en sorte de m'enlever ce doute.»
Alors l'ascète errant Subhadda partit au Bosquet de Salas, le parc de détente des Mallas, et s'approcha du Vénérable Ananda, et dit au Vénérable Ananda sa pensée. Et il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Ami Ananda, il serait bon qu'on me permette d'être admis en présence de l'ascète Gotama.»
Mais le Vénérable Ananda lui répondit, en disant: «Suffit, ami Subhadda! Ne trouble pas le Tathâgata. Le Béni du Ciel est fatigué.»
Et pourtant une seconde et troisième fois l'ascète errant Subhadda fit sa requête, et une seconde et troisième fois le Vénérable Ananda lui refusa.
Et le Béni du Ciel entendit la discussion entre eux, et il appela le Vénérable Ananda et dit: «Arrête, Ananda! Ne refuse pas Subhadda. Ananda, admets Subhadda en présence du Tathâgata. Car quoiqu'il me demande, il le demandera aux fins de la connaissance, et ce ne sera donc pas une offense. Et la réponse que je lui donnerai, il la comprendra facilement.»
Là-dessus le Vénérable Ananda dit à l'ascète errant Subhadda: «Va, dans ce cas, ami Subhadda, le Béni du Ciel t'en donne la permission.»
Alors l'ascète errant Subhadda s'approcha du Béni du Ciel et le salua avec courtoisie. Et après avoir échangé avec lui d'agréables et civiles salutations, l'ascète errant Subhadda s'assit d'un côté et s'adressa au Béni du Ciel, en disant: «Il y a, Vénérable Gotama, des ascètes et des brahmanes qui sont chefs de grandes compagnies de disciples, qui ont d'énormes suites, qui sont chefs d'écoles, bien connues et renommées, et tenus en haute estime par la multitude, des maîtres comme Purana Kassapa, Makkhali Gosala, Ajita Kesakambali, Pakudha Kaccayana, Sañjaya Belatthiputta, Nigantha Nataputta. Ont-ils tous atteint la réalisation, ainsi que chacun d'eux voudrait le faire croire, ou aucun d'entre eux, ou est-ce que certains l'ont atteint et d'autres pas?»
«Suffit, Subhadda! Laisse les faire, qu'ils aient tous atteint la réalisation, ainsi que chacun d'eux voudrait le faire croire, ou qu'aucun d'entre eux, ou que certains l'aient atteint et d'autres pas. Je vais t'enseigner le Dhamma, Subhadda; écoute et sois bien attentif, et je vais parler.»
«Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
Le rugissement du Lion
Et le Béni du Ciel prit la parole, en disant: «Dans tout Dhamma et Discipline, Subhadda, où on ne trouve pas le Noble Octuple Sentier, on ne trouvera pas de véritable ascète du premier, second, troisième, ou quatrième degrés de sainteté. Mais dans tout Dhamma et Discipline où on trouve le Noble Octuple Sentier, on trouve là un véritable ascète du premier, second, troisième, et quatrième degrés de sainteté. Or dans ce Dhamma et Discipline, Subhadda, on trouve le Noble Octuple Sentier; et en lui seul trouve-t-on aussi de véritables ascètes du premier, second, troisième, et quatrième degrés de sainteté. Dépourvus de véritables ascètes sont les systèmes des autres maîtres. Mais si, Subhadda, les bhikkhus vivent justement, le monde ne sera pas dépourvu d'arahats.
«En âge je n'avais que vingt-neuf ans, Subhadda,
Lorsque je renonçai au monde pour chercher le Bien;
Cinquante-et-un ans ont passé depuis lors, Subhadda,
Et pendant tout ce temps un voyageur j'ai été
Dans le domaine de la vertu et de la vérité,
Et sauf là-dedans, il n'est pas de saint
(du premier degré).
«Et il n'y en a aucun du second degré, ni du troisième degré, ni du quatrième degré de sainteté. Dépourvus de véritables ascètes sont les systèmes des autres maîtres. Mais si, Subhadda, les bhikkhus vivent justement, le monde ne sera pas dépourvu d'arahats.»
Lorsque ceci fut dit, l'ascète errant Subhadda s'adressa au Béni du Ciel, en disant: "Excellent, ô seigneur, vraiment excellent, ô seigneur! C'est comme si, Seigneur, on avait redressé ce qui avait été renversé, ou qu'on révélait ce qui avait été caché, ou qu'on montrait le chemin à qui s'était égaré, ou qu'on allumait une lampe dans l'obscurité de sorte que ceux qui ont des yeux puissent voir—même ainsi, le Béni du Ciel a prononcé le Dhamma de plusieurs façons. Et c'est pourquoi, ô seigneur, je prend refuge dans le Béni du Ciel, le Dhamma, et la Communauté des Bhikkhus. Puissé-je recevoir du Béni du Ciel l'admission dans l'Ordre et également l'ordination supérieure.»
«Quiconque, Subhadda, ayant été auparavant un disciple d'une autre croyance, souhaite recevoir admission et ordination supérieure dans ce Dhamma et Discipline, reste en probation pour une période de quatre mois. A la fin de ces quatre mois, si les bhikkhus en sont satisfaits, ils lui concèdent l'admission et l'ordination supérieure en tant que bhikkhu. Et pourtant dans cette affaire, je reconnais des différences de personnalités.»
«Si, ô seigneur, quiconque, ayant été auparavant un disciple d'une autre croyance, souhaite recevoir admission et ordination supérieure dans ce Dhamma et Discipline, reste en probation pour une période de quatre mois, et qu'à la fin de ces quatre mois, si les bhikkhus en sont satisfaits, ils lui concèdent l'admission et l'ordination supérieure en tant que bhikkhu—alors je resterai en probation pour une période de quatre années. Et à la fin de ces quatre années, si les bhikkhus sont satisfaits de moi, alors qu'ils me concèdent l'admission et l'ordination supérieure en tant que bhikkhu.»
Mais le Béni du Ciel appela le Vénérable Ananda et lui dit: «Ananda, qu'il soit accordé à Subhadda l'admission dans l'ordre.» Et le Vénérable Ananda répliqua: «Qu'il en soit ainsi, Seigneur.»
Alors l'ascète errant Subhadda dit au Vénérable Ananda: «C'est un gain pour toi, ami Ananda, c'est une bénédiction, qu'en présence du Maître lui-même tu aies reçu l'aspersion de l'ordination en tant que disciple.»
Donc il se produisit qu'à l'ascète errant Subhadda, en présence du Béni du Ciel, fut donné l'admission et l'ordination supérieure. Et à partir du moment de son ordination, le Vénérable Subhadda demeura seul, reclus, attentif, ardent, et résolu. Et avant longtemps, il atteint au but pour lequel un homme digne quitte le domicile pour le sans-domicile-fixe, le but suprême de la vie sainte; et l'ayant par lui-même réalisé avec la connaissance supérieure, il y demeura. Il sut que: «Détruite est la naissance; la vie supérieure est accomplie; il ne reste plus rien à faire, et au-delà de cette vie plus rien ne reste.» Et le Vénérable Subhadda devint encore un autre parmi les arahats, et il fut le dernier disciple converti par le Béni du Ciel lui-même.
Sixième partie
La disparition
Exhortation finale du Béni du Ciel
Or le Béni du Ciel s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Il se pourrait, Ananda, qu'à certains d'entre vous vienne l'idée: ‹Terminée est la parole du Maître; nous n'avons plus de Maître.› Mais il ne faudrait pas, Ananda, voir les choses comme cela. Car ce que j'ai proclamé et fait connaître comme le Dhamma et la Discipline, c'est là ce qui sera votre Maître quand je serai parti.
«Et, Ananda, alors que maintenant les bhikkhus s'adressent les uns aux autres ainsi ‹ami,› que ce ne soit plus le cas quand je serai parti. Les bhikkhus anciens, Ananda, pourront s'adresser aux plus jeunes par leur nom, leur nom de famille, ou ainsi ‹ami›; mais les bhikkhus plus jeunes devront s'adresser aux plus anciens ainsi ‹vénérable monsieur› ou ‹révérend.›
«Si on le souhaite, Ananda, le Sangha pourra, quand je serai parti, abolir les règles mineures et moins importantes.
«Ananda, quand je serai parti, imposez la pénalité la plus grande au bhikkhu Channa.»
«Mais quelle est, Seigneur, la pénalité la plus grande?»
«Le bhikkhu Channa, Ananda, pourra dire ce qu'il voudra, mais les bhikkhus ne devront ni converser avec lui, ni l'exhorter, ni l'admonester.»
Alors le Béni du Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Il se pourrait, bhikkhus, qu'un de vous soit dans le doute ou la perplexité par rapport au Bouddha, au Dhamma, ou au Sangha, au sentier ou à la pratique. Alors posez vos questions, bhikkhus! Ne faites pas en sorte d'avoir plus tard des remords avec la pensée: ‹Le Maître était avec nous face à face, et pourtant face à face nous ne lui avons pas demandé.›»
Mais quand ceci fut dit, les bhikkhus gardèrent le silence. Et pourtant une seconde et une troisième fois le Béni du Ciel leur dit: «Il se pourrait, bhikkhus, qu'un de vous soit dans le doute ou la perplexité par rapport au Bouddha, au Dhamma, ou au Sangha, au sentier ou à la pratique. Alors posez vos questions, bhikkhus! Ne faites pas en sorte d'avoir plus tard des remords avec la pensée: ‹Le Maître était avec nous face à face, et pourtant face à face nous ne lui avons pas demandé.›»
Et pour une seconde et troisième fois les bhikkhus gardèrent le silence. Alors le Béni du Ciel leur dit: "Il se pourrait, bhikkhus, que par respect pour le Maître vous ne lui posiez pas de questions. Alors, bhikkhus, que l'ami le communique à l'ami.» Et pourtant toujours les bhikkhus gardèrent le silence.
Et le Vénérable Ananda s'adressa au Béni du Ciel, en disant: «C'est merveilleux, ô seigneur, vraiment c'est vraiment extraordinaire! Cette foi que j'ai dans la communauté des bhikkhus, que pas même un bhikkhu ne soit dans le doute ou la perplexité par rapport au Bouddha, au Dhamma, ou au Sangha, au sentier ou à la pratique.»
«C'est par foi, Ananda, que tu parles ainsi. Mais ici, Ananda, le Tathâgata sait avec certitude que parmi cette communauté de bhikkhus il n'y a pas même un bhikkhu qui soit dans le doute ou la perplexité par rapport au Bouddha, au Dhamma, ou au Sangha, au sentier ou à la pratique. Car, Ananda, parmi ces cinq cent bhikkhus même le plus bas est un entré-dans-le-courant, à l'abri de la chute, assuré, et en marche vers l'éveil.»
Et le Béni du Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Soyez attentifs maintenant, bhikkhus, je vous y exhorte: Toutes choses composées sont sujettes à disparaître. Efforcez-vous avec sincérité!»
Ce furent les dernières paroles du Tathâgata.
Comment le Béni du Ciel passa en Nibbana
Et le Béni du Ciel entra dans le premier jhâna. En sortant du premier jhâna, il entra dans le second jhâna. En sortant du second jhâna, il entra dans le troisième jhâna. En sortant du troisième jhâna, il entra dans le quatrième jhâna. Et en sortant du quatrième jhâna, il entra dans la sphère de l'espace infini. En sortant de l'accès à la sphère de l'espace infini, il entra dans la sphère de la conscience infinie. En sortant de l'accès à la sphère de la conscience infinie, il entra dans la sphère de la vacuité. En sortant de l'accès à la sphère de la vacuité, il entra dans la sphère de la ni-perception-ni-non-perception. Et en sortant de l'accès à la sphère de la ni-perception-ni-non-perception, il atteint à la cessation de la perception et de la sensation.
Et le Vénérable Ananda s'adressa au Vénérable Anuruddha, en disant: "Vénérable Anuruddha, le Béni du Ciel est décédé.»
«Non, ami Ananda, le Béni du Ciel n'a pas disparu. Il est entré dans l'état de la cessation de la perception et de la sensation.»
Alors le Béni du Ciel, sortant de la cessation de la perception et de la sensation, entra dans la sphère de la ni-perception-ni-non-perception. En sortant de l'accès à la sphère de la ni-perception-ni-non-perception, il entra dans la sphère de la vacuité. En sortant de l'accès à la sphère de la vacuité, il entra dans la sphère de la conscience infinie. En sortant de l'accès à la sphère de la conscience infinie, il entra dans la sphère de l'espace infini. En sortant de l'accès à la sphère de l'espace infini, il entra dans le quatrième jhâna. En sortant du quatrième jhâna, il entra dans le troisième jhâna. En sortant du troisième jhâna, il entra dans le second jhâna. En sortant du second jhâna, il entra dans le premier jhâna.
En sortant du premier jhâna, il entra dans le second jhâna. En sortant du second jhâna, il entra dans le troisième jhâna. En sortant du troisième jhâna, il entra dans le quatrième jhâna. Et, en sortant du quatrième jhâna, le Béni du Ciel immédiatement trépassa.
L'écho du Monde
Et quand le Béni du Ciel eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna se produisit un terrible tremblement de terre, épouvantable et abasourdissant, et le tonnerre roula à travers les cieux.
Et quand le Béni du Ciel eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna, Brahma Sahampati prononça cette stance:
«Tout doit partir—tous les êtres qui ont la vie
Doivent quitter leur aggrégat des formes. Oui, même quelqu'un,
Un Maître tel que lui, un être sans pareil,
Puissant dans la sagesse, l'Eveillé, est décédé.»
Et quand le Béni du Ciel eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna, Sakka, roi des dieux, prononça cette stance:
«Transitoires sont les choses composées,
Sujettes à survenir et à disparaître;
Etant venues à l'existence elles disparaissent;
Bonne est la paix quand elles cessent pour toujours.»
Et quand le Béni du Ciel eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna, le Vénérable Anuruddha prononça cette stance:
«Sans mouvement de la respiration, mais d'un coeur assuré,
Libéré du désir et tranquille—c'est ainsi que le sage
Arrive à sa fin. Par les affres de la mort inébranlé,
Son esprit, tel une flamme éteinte, trouve la libération.»
Et quand le Béni du Ciel eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna, le Vénérable Ananda prononça cette stance:
«Alors terreur il y eut, et les cheveux se hérissèrent, quand lui,
Le Tout-accompli, le Bouddha, trépassa.»
Alors, quand le Béni du Ciel eut trépassé, certains bhikkhus, pas encore libérés de la passion, levèrent leurs bras au ciel et pleurèrent; et certains, se jetant par terre, se roulèrent d'un côté à l'autre et pleurèrent, en geignant: «Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Trop tôt l'Oeil du Monde a disparu de notre vue!»
Mais les bhikkhus qui étaient libérés de la passion, attentifs et en état de comprendre clairement, réfléchirent comme suit: «Impermanentes sont toutes choses composées. Comment pourrait-il en être autrement?»
Et le Vénérable Anuruddha s'adressa aux bhikkhus, en disant: «Suffit, amis! Ne vous chagrinez pas, ne vous lamentez pas! Car le Béni du Ciel n'a-t-il pas déclaré qu'avec tout ce qui est cher et bien-aimé, il y un nécessairement changement, séparation et rupture? De ce qui est né, qui est venu à être, a été composé et qui est sujet à flétrissure, comment peut-on dire: ‹Puisse cela ne jamais en venir à dissolution!›? Les devas, amis, sont affligés.»
«Mais, vénérable monsieur, de quels devas le Vénérable Anuruddha est-il conscient?»
«Il y a des devas, ami Ananda, dans l'espace et sur la terre qui ont une mentalité terrienne; échevelés ils pleurent, les bras au ciel ils pleurent; se jetant par terre, ils se roulent d'un côté à l'autre, en geignant: ‹Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Trop tôt l'Oeil du Monde a disparu de notre vue!› Mais ceux des devas qui sont libérés de la passion, attentifs et en état de comprendre clairement, réfléchissent de cette façon: ‹Impermanentes sont toutes choses composées. Comment pourrait-il en être autrement?›»
Or le Vénérable Anuruddha et le Vénérable Ananda passèrent le reste de la nuit à parler du Dhamma. Alors le Vénérable Anuruddha s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: «Va maintenant, ami Ananda, à Kusinara, et annonce aux Mallas: ‹Le Béni du Ciel, Vasetthas, est décédé. Faites maintenant comme bon vous semble.›»
«Qu'il en soit ainsi, vénérable monsieur.» Et le Vénérable Ananda se prépara dans l'avant-midi, et prenant son bol et sa robe, partit avec un compagnon pour Kusinara.
A ce moment les Mallas de Kusinara s'étaient rassemblés dans la salle du conseil pour considérer cette affaire-même. Et le Vénérable Ananda s'approcha d'eux et annonça: «Le Béni du Ciel, Vasetthas, est décédé. Faites maintenant comme bon vous semble.»
Et quand ils entendirent le Vénérable Ananda dire ces paroles, les Mallas avec leurs fils, leurs épouses, et les épouses de leurs fils, furent profondément touchés, touchés jusqu'au coeur et affligés; et certains, avec leurs cheveux tout ébouriffés, les bras levés au ciel de désespoir, pleurèrent; se jetant par terre, ils se roulaient d'un côté à l'autre, en geignant: «Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! «Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Trop tôt l'Oeil du Monde a disparu de notre vue!»
Hommage aux Restes
Alors les Mallas de Kusinara donnèrent des ordres à leurs hommes, en disant: «Rassemblez maintenant tous les parfums, les guirlandes de fleurs, et les musiciens, même tous qui sont dans Kusinara.» Et les Mallas, avec les parfums, les guirlandes de fleurs, et les musiciens, et avec cinq cent ensembles de vêtements, partirent pour le Bosquet de Salas, le parc de détente des Mallas, et s'approchèrent du corps du Béni du Ciel. Et s'en étant approchés, ils rendirent hommage au corps du Béni du Ciel avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et érigeant baldaquins et pavillons, ils passèrent la journée à montrer respect, honneur, et vénération au corps du Béni du Ciel. Et alors la pensée leur vint: «Maintenant la journée est trop avancée pour que nous puissions incinérer le corps du Béni du Ciel. Demain nous le ferons.»
Et un second jour, et un troisième, un quatrième, un cinquième, et un sixième jour, ils rendirent hommage au corps du Béni du Ciel avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et érigeant baldaquins et pavillons, ils passèrent la journée à montrer respect, honneur, et vénération au corps du Béni du Ciel.
Mais le septième jour la pensée leur vint: «Nous avons rendu hommage au corps du Béni du Ciel avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et lui avons montré respect, honneur, et vénération; transportons maintenant le corps du Béni du Ciel vers le sud, dans la partie sud du bourg et au-delà, et là incinérons le corps du Béni du Ciel au sud du bourg.»
Et huit Mallas des meilleures familles, lavés jusqu'au sommet de leur tête et vêtus de vêtements neufs, avec la pensée: «Nous soulèverons le corps du Béni du Ciel,» tentèrent de le faire mais ne le purent pas.
Alors les Mallas s'adressèrent au Vénérable Anuruddha, en disant: «Quelle est la cause, Vénérable Anuruddha, quelle est la raison that ces huit Mallas des meilleures familles, lavés jusqu'au sommet de leur tête et vêtus de vêtements neufs, avec la pensée: ‹Nous soulèverons le corps du Béni du Ciel,› tentent de le faire mais n'y arrivent pas?»
«Vous autres, Vasetthas, avez un propos, les devas en ont un autre.»
«Alors, vénérable monsieur, quel est le propos des devas?»
«Votre propos, Vasetthas, est celui-ci: ‹Nous avons rendu hommage au corps du Béni du Ciel avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et lui avons montré respect, honneur, et vénération; transportons maintenant le corps du Béni du Ciel vers le sud, dans la partie sud du bourg et au-delà, et là incinérons le corps du Béni du Ciel au sud du bourg.› Mais le propos des devas, Vasetthas, est celui-ci: ‹Nous avons rendu hommage au corps du Béni du Ciel avec des danses célestes, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et lui avons montré respect, honneur, et vénération; transportons maintenant le corps du Béni du Ciel vers le nord dans la partie nord du bourg; et l'ayant porté par la porte nord, passons par le centre du bourg, et ensuite vers l'est, à l'est du bourg; et ayant passé par la porte est, transportons le au cetiya des Mallas, Makuta-bandhana, et là incinérons le corps du Béni du Ciel.›»
«Comme le voudront les devas, vénérable monsieur, qu'il en soit ainsi.»
A ce moment-là, tout Kusinara, même les tas de poussière et les tas d'ordures, fut recouvert à hauteur de genoux de mandarava célestes. Et les devas aussi bien que les Mallas de Kusinara rendaient hommage au corps du Béni du Ciel. Avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, autant divins qu'humains, on montrait respect, honneur, et vénération. Et ils transportèrent le corps du Béni du Ciel vers le nord dans la partie nord du bourg; et l'ayant porté par la porte nord, ils repartirent par le centre du bourg, et ensuite vers l'est à l'est du bourg; et ayant passé par la porte est, ils transportèrent le corps du Béni du Ciel au cetiya des Mallas, Makuta-bandhana, et là l'étendirent par terre.
Alors les Mallas de Kusinara s'adressèrent au Vénérable Ananda, en disant: «Comment devrions-nous faire, Vénérable Ananda, par respect pour le corps du Tathâgata?»
«De la même manière, Vasetthas, que pour le corps d'un monarque universel.»
«Mais comment fait-on, vénérable Ananda, pour respecter le corps d'un monarque universel?»
«Le corps d'un monarque universel, Vasetthas, est d'abord enveloppé dans du lin neuf, et ensuite dans du coton peigné. Et encore il est enveloppé dans du lin neuf, et encore dans du coton peigné, et ce à concurrence de cinq cent couches de lin et cinq cent de coton. Lorsque c'est fait, le corps du monarque universel est placé dans un récipient à huile en fer, qui est enclos dans un autre récipient en fer et on construit un bûcher funéraire de toutes sortes de bois aromatiques, et c'est ainsi qu'on brûle le corps du monarque universel. Et à un carrefour on élève un stupa pour le monarque universel. C'est ainsi qu'on fait, Vasetthas, avec le corps d'un monarque universel.
«Et même, Vasetthas, ainsi qu'avec le corps d'un monarque universel, ainsi doit-on faire avec le corps du Tathâgata; et à un carrefour il faut également élever un stupa pour le Tathâgata. Et quiconque apportera à cet endroit des guirlandes ou de l'encens ou de la pâte de bois de santal, ou fera des révérences, et dont le l'esprit devient calme à cet endroit—ce sera pour son bien-être et son bonheur pendant longtemps.»
Alors les Mallas donnèrent des ordres à leurs hommes, en disant: «Rassemblez maintenant tout le coton peigné des Mallas!» Et les Mallas de Kusinara enveloppèrent le corps du Béni du Ciel dans du lin neuf, et ensuite dans du coton peigné. Et ils l'enveloppèrent encore dans du lin neuf, et encore dans du coton peigné, et ce jusqu'à cinq cent couches de lin et cinq cent de coton. Lorsque cela fut fait, ils placèrent le corps du Béni du Ciel dans un récipient à huile en fer, lui-même enclos dans un autre récipient en fer, et ils construisirent un bucher funéraire de toutes sortes de bois aromatiques, et sur lui ils étendirent le corps du Béni du Ciel.
Or en ce temps-là le Vénérable Maha Kassapa se déplaçait de Pava à Kusinara de même qu'une grande compagnie de cinq cent bhikkhus. Et en chemin, le Vénérable Maha Kassapa s'écarta de la route et s'assit au pied d'un arbre.
Et un certain Ajivaka passa par là, en route pour Pava, et il avait pris une fleur de mandarava de Kusinara. Et le Vénérable Maha Kassapa vit l'Ajivaka venir de loin, et comme il arrivait tout près il s'adressa à lui, en disant: «Savez-vous, ami, quoi que ce soit de notre Maître?»
«Oui, ami, je sais. Il y a maintenant sept jours que l'ascète Gotama a disparu. C'est de là que j'ai apporté cette fleur de mandarava.»
Là-dessus certains bhikkhus, pas encore libérés de la passion, levèrent leurs bras au ciel et pleurèrent; et certains, se jetant par terre, se roulèrent d'un côté à l'autre et pleurèrent, en geignant: «Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Trop tôt l'Oeil du Monde a disparu de notre vue!»
Or en ce temps-là, un certain Subhadda, qui n'avait renoncé que dans sa vieillesse, était assis dans l'assemblée. Et il s'adressa aux bhikkhus, en disant: «Suffit, amis! Ne vous chagrinez pas, ne vous lamentez pas! Nous sommes bien débarrassés de ce grand ascète. Trop longtemps, amis, avons-nous été opprimés par par lui qui disait: ‹Ceci est approprié pour vous; cela n'est pas approprié pour vous.› Maintenant nous pourrons faire à notre gré, et ce dont nous n'avons pas envie, nous ne le ferons pas.»
Mais le Vénérable Maha Kassapa s'adressa aux bhikkhus, en disant: «Suffit amis! Ne vous chagrinez pas, ne vous lamentez pas! Car le Béni du Ciel n'a-t-il pas déclaré qu'avec tout ce qui est cher et bien-aimé, il y un nécessairement changement, séparation et rupture? De ce qui est né, qui est venu à être, qui a été composé, et qui est sujet à flétrissure, comment peut-on dire: ‹Puisse cela ne jamais en venir à dissolution!›?»
Or en ce temps-là quatre Mallas des meilleures familles, lavés jusqu'au sommet de leur tête et vêtus de vêtements neufs, avec la pensée: «Nous allons allumer le le bûcher du Béni du Ciel," tentèrent de le faire mais ne le purent pas. Et les Mallas s'adressèrent au Vénérable Anuruddha, en disant: "Quelle est la cause, Vénérable Anuruddha, quelle est la raison que ces quatre Mallas des meilleures familles, lavés jusqu'au sommet de leur tête et vêtus de vêtements neufs, avec la pensée: «Nous allons allumer le le bûcher du Béni du Ciel,› tentent de le faire mais n'y arrivent pas?»
«Vous autres, Vasetthas, avez un propos, les devas en ont un autre.»
«Alors, vénérable monsieur, quel est le propos des devas?»
«Le propos des devas, Vasetthas, est celui-ci: ‹Le Vénérable Maha Kassapa est en route de Pava à Kusinara de même qu'une grande compagnie de cinq cent bhikkhus. Ne permettons pas que le bûcher du Béni du Ciel soit allumé avant que le Vénérable Maha Kassapa n'ait rendu hommage aux pieds du Béni du Ciel.›»
«Comme le voudront les devas, vénérable monsieur, qu'il en soit ainsi.»
Et le Vénérable Maha Kassapa s'approcha du bûcher du Béni du Ciel, au cetiya des Mallas, Makuta-bandhana, dans Kusinara. Et il arrangea sa robe supérieure sur une épaule, et avec ses mains jointes élevées en salutation, il marcha trois fois autour du bûcher, tenant son côté droit envers le corps du Béni du Ciel, et il rendit hommage aux pieds du Béni du Ciel. Et il en alla de même des cinq cent bhikkhus.
Et quand le Vénérable Maha Kassapa et les cinq cent bhikkhus eurent rendu hommage, le bûcher du Béni du Ciel éclata en flammes de lui-même.
Et il se produisit que quand le corps du Béni du Ciel eut été brûlé, on ne vit ni cendres ni particules de ce qui avaient été peau, tissus, chair, nerfs, ou fluides; seuls restèrent des os. Tout comme lorsque on brûle du ghee ou de l'huile, cela ne laisse ni particules ni cendres derrière, de même quand le corps du Béni du Ciel eut été brûlé, ni cendres ni particules ne purent être vues de ce qui avaient été peau, tissus, chair, nerfs, et fluides; seuls restèrent des os. Et des cinq cent enveloppes de lin, seuls deux ne furent pas consumées, la plus intérieure et la plus extérieure.
Et quand le corps du Béni du Ciel eut été brûlé, de l'eau plut du ciel et éteint le bûcher du Béni du Ciel, et des arbres sala de l'eau sortit, et les Mallas de Kusinara apportèrent de l'eau parfumée avec plusieurs sortes de parfums, et eux aussi éteinrent le bûcher du Béni du Ciel.
Et les Mallas de Kusinara déposèrent les reliques du Béni du Ciel dans leur salle du conseil, et les entourèrent d'un treillis de lancent et les encerclèrent d'une clôture d'arcs; et là pendant sept jours ils rendirent hommage aux reliques du Béni du Ciel avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et montrèrent respect, honneur, et vénération aux reliques du Béni du Ciel.
Partition des Reliques
Alors le roi de Magadha, Ajatasattu, fils de la reine Videhi, vint à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé. Et il envoya un message aux Mallas de Kusinara, en disant: «Le Béni du Ciel était de la caste des guerriers, et je le suis aussi. Je suis digne de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Je vais ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un festival en leur honneur.»
Et les Licchavis de Vesali vinrent à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant: «Le Béni du Ciel était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un festival en leur honneur.»
Et les Sakyas de Kapilavatthu vinrent à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant: «Le Béni du Ciel était le plus grand de notre clan. Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un festival en leur honneur.»
Et les Bulis de Allakappa vinrent à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant: «Le Béni du Ciel était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un festival en leur honneur.»
Et les Kolis de Ramagama vinrent à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant: «Le Béni du Ciel était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un festival en leur honneur.»
Et le brahmane Vethadipa vint à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé. Et il envoya un message aux Mallas de Kusinara, en disant: «Le Béni du Ciel était de la caste des guerriers, et je suis un brahmane. Je suis digne de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Je vais ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un festival en leur honneur.»
Et les Mallas de Pava vinrent à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant: «Le Béni du Ciel était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un festival en leur honneur.»
Mais quand ils entendirent ces paroles, les Mallas de Kusinara s'adressèrent à l'assemblée, en disant: «Le Béni du Ciel est décédé dans notre bourgade. Nous ne nous séparerons d'aucune portion des reliques du Béni du Ciel.» Alors le brahmane Dona s'adressa à l'assemblée, en disant:
«Un mot de moi, je vous prie, messieurs, d'écouter!
Notre Bouddha nous a toujours enseigné à nous garder;
Inconvenant ce serait si querelle survenait
Et guerre et sang versé, à propos de la garde
De ses restes, qui fut le meilleur des hommes!
Mettons nous tous, messieurs, en amitié d'accord
Pour partager huit portions—en sorte que de tous côtés
Des stupas puissent surgir, et que les voyant, l'humanité
La foi dans le Parfaitement-Eveillé puisse trouver!»
«Qu'il en soit ainsi, brahmane! Divise toi-même les reliques en huit égales portions.»
Et le brahmane Dona dit à l'assemblée: «Qu'il en soit ainsi, messieurs.» Et il divisa justement en huit égales portions les reliques du Béni du Ciel, et ayant ainsi fait, il s'adressa à l'assemblée, en disant: «Que cette urne, messieurs, me soit donnée. Sur cette urne je vais ériger un stupa, et en son honneur je vais tenir un festival." Et l'urne fut donnée au brahmane Dona.
Alors les Moriyas de Pipphalivana vinrent à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant: «Le Béni du Ciel était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un festival en leur honneur.»
«Il ne reste aucune portion des reliques du Béni du Ciel; les reliques du Béni du Ciel ont été partagées. Mais prenez d'ici les cendres.» Et ils prirent de là les cendres.
Et le roi de Magadha, Ajatasattu, fils de la reine Videhi, érigea un stupa sur les reliques du Béni du Ciel à Rajagaha, et en leur honneur tint un festival. Les Licchavis de Vesali érigèrent un stupa sur les reliques du Béni du Ciel à Vesali, et en leur honneur tinrent un festival. Les Sakyas de Kapilavatthu érigèrent un stupa sur les reliques du Béni du Ciel à Kapilavatthu, et en leur honneur tinrent un festival. Les Bulis de Allakappa érigèrent un stupa sur les reliques du Béni du Ciel à Allakappa, et en leur honneur tinrent un festival. Les Kolis de Ramagama érigèrent un stupa sur les reliques du Béni du Ciel à Ramagama, et en leur honneur tinrent un festival. Le brahmane Vethadipa érigea un stupa sur les reliques du Béni du Ciel à Vethadipa, et en leur honneur tint un festival. Les Mallas de Pava érigèrent un stupa sur les reliques du Béni du Ciel à Pava, et en leur honneur tinrent un festival. Les Mallas de Kusinara érigèrent un stupa sur les reliques du Béni du Ciel à Kusinara, et en leur honneur tinrent un festival. Le brahmane Dona érigea un stupa sur l'urne, et en son honneur tint un festival. Et les Moriyas de Pipphalivana érigèrent un stupa sur les cendres à Pipphalivana, et en leur honneur tinrent un festival.
Il se produisit donc qu'il y eut huit stupas pour les reliques, un neuvième pour l'urne, et un dixième pour les cendres.
Et ainsi il en alla dans les jours anciens.
Huit portions il y eut de ses reliques,
Celui-qui-Voit-Tout, le plus grand des hommes.
Sept dans Jambudipa sont honorées, et une l'est
Dans Ramagama, par les rois de la race des Nagas.
Une dent est honorée dans le ciel de Tavatimsa,
Une l'est dans le royaume de Kalinga, et une par les rois Nagas.
De leur clarté cette terre généreuse
De ses vraiment excellents cadeaux est dotée;
Car ainsi les reliques de Celui-qui-Voit-Tout sont le mieux honorées
Par ceux qui sont dignes d'honneurs—par dieux et Nagas
Et seigneurs des hommes, oui, par le meilleur de l'humanité.
Rendez hommage à mains jointes! Car dur effectivement c'est
A travers des centaines d'âges de rencontrer un Parfaitement-Eveillé!
Le Maha-parinibbana Sutta est terminé.